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12 novembre, un jour, une vie, un décès

12 novembre, un jour, une vie : Hassan Rouhani

Hassan Rouhani, né le 12 novembre 1948 à Sorkheh, en Iran, célèbre aujourd'hui 76ème anniversaire. Il est une figure majeure de la politique iranienne, ayant servi en tant que président de la République islamique d'Iran de 2013 à 2021. Rouhani est connu pour son rôle crucial dans l'ouverture de l'Iran au monde extérieur après des années d'isolement international, notamment par la négociation de l'accord sur le nucléaire iranien, le Plan d'action global conjoint (PAGC), avec les puissances mondiales.

Issu d'une famille religieuse et conservatrice, Hassan Rouhani a développé un intérêt pour les affaires religieuses et politiques dès son jeune âge. En 1960, il rejoint un séminaire religieux, où il étudie le droit islamique. Au fil des années, il élargit sa formation en étudiant le droit civil à l'université de Téhéran, puis obtient un doctorat en droit constitutionnel à l'université de Glasgow en Écosse. Son parcours académique est marqué par un mélange d'études religieuses et laïques, ce qui lui confère une perspective unique dans un pays où la politique est fortement influencée par le clergé.

Pendant la révolution islamique de 1979, Rouhani se rallie au mouvement mené par l'ayatollah Khomeini. Il devient un fervent partisan de la chute du Shah et participe activement aux manifestations qui conduiront à la fondation de la République islamique. Après la révolution, il occupe plusieurs postes importants dans le gouvernement iranien. Durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), il joue un rôle clé en tant que membre du Haut Conseil de la Défense, coordonnant les stratégies militaires et diplomatiques. Cette expérience de la guerre forge chez lui une compréhension aiguë des questions de sécurité nationale, qui influencera ses actions futures en tant que président.

Après la guerre, Hassan Rouhani gravit les échelons de la politique iranienne en occupant des postes clés au sein du gouvernement. Il est élu au Parlement (Majlis) pendant cinq mandats consécutifs et devient secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en 1989, un poste qu'il occupera pendant seize ans. En tant que secrétaire du Conseil, Rouhani est chargé des affaires de sécurité nationale et est souvent le principal négociateur sur des questions internationales sensibles, notamment le programme nucléaire iranien, déjà au centre des préoccupations de la communauté internationale.

En 2013, Hassan Rouhani est élu président de l'Iran, succédant à Mahmoud Ahmadinejad, dont les deux mandats avaient été marqués par une confrontation constante avec l'Occident et une politique intérieure répressive. Rouhani, présenté comme un modéré, promet de rétablir les liens avec le reste du monde et de mettre fin aux sanctions économiques qui étouffaient l'économie iranienne. Son mandat est marqué par la volonté d'éviter l'isolement international, et il commence à négocier avec les puissances mondiales pour trouver une solution au contentieux sur le programme nucléaire.

En 2015, ces efforts aboutissent à la signature du Plan d'action global conjoint (PAGC), un accord historique entre l'Iran et le groupe P5+1 (les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, plus l'Allemagne). L'accord prévoit une limitation des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions économiques internationales. Cet accord est considéré comme l'une des réalisations majeures de Rouhani, car il offre à l'Iran une bouffée d'oxygène économique et réduit les tensions avec les puissances occidentales. Cependant, cette détente sera de courte durée : en 2018, le président américain Donald Trump retire unilatéralement les États-Unis de l'accord, relancé ainsi les tensions et imposant à nouveau des sanctions à l'Iran.

Le mandat de Rouhani est également marqué par des défis économiques et sociaux internes. Bien que l'accord nucléaire ait permis une relance temporaire de l'économie, la corruption, le clientélisme et les problèmes structurels économiques ont limité les effets positifs de la levée des sanctions. En outre, Rouhani fait face à des pressions croissantes de la part de l'aile conservatrice du régime, notamment du Guide suprême Ali Khamenei, qui considère que ses tentatives de rapprochement avec l'Occident mettent en péril les fondements de la République islamique.

Malgré son positionnement en tant que réformateur, Rouhani n’a pas réussi à réaliser des avancées significatives en matière de droits de l'homme. Sous son mandat, les manifestations étudiantes et les mouvements de protestation contre la vie chère ont souvent été réprimés de manière violente par les forces de sécurité. Ses efforts pour accroître la liberté de la presse et les droits des femmes ont été freinés par des factions plus conservatrices du gouvernement, laissant de nombreux Iraniens déçus par le manque de progrès significatif sur ces questions.

En 2021, Hassan Rouhani quitte la présidence, succédé par Ebrahim Raïsï, un ultraconservateur. Après son mandat, Rouhani reste une figure influente en Iran, représentant une voie plus modérée par rapport aux factions conservatrices qui dominent à nouveau la scène politique. Son héritage est complexe : pour certains, il est celui qui a apporté un espoir de réforme et d’ouverture à l'Iran; pour d'autres, il incarne un espoir trahi, incapable de résister aux pressions des factions les plus rigides du pouvoir iranien.

Il est toujours actif dans la sphère politique et continuant de promouvoir des idées de modération et de dialogue international. Il reste une figure controversée, à la fois admirée pour sa tentative d'ouverture et critiquée pour son incapacité à concrétiser ses promesses de changement profond. Son parcours reflète les difficultés structurelles auxquelles est confronté le système politique iranien, où la tension entre modernité et conservatisme reste un élément central de la dynamique du pouvoir.


12 novembre, un jour, un décès : Liu Shaoqi

Liu Shaoqi est né le 24 novembre 1898 à Ningxiang, dans la province du Hunan, en Chine. Il est mort le 12 novembre 1969, à l'âge de 70 ans, dans des conditions tragiques après avoir été persécuté par le Parti communiste chinois. Liu est surtout connu pour son rôle en tant que l'un des principaux dirigeants de la Chine communiste et pour avoir été président de la République populaire de Chine de 1959 à 1968. Il était l'un des plus proches collaborateurs de Mao Zedong et a joué un rôle central dans la construction de la Chine socialiste, avant d'être écarté et persécuté lors de la Révolution culturelle.

Issu d'une famille paysanne modeste, Liu Shaoqi fait ses études à Changsha avant de partir à Shanghai, où il est exposé aux idées marxistes. En 1921, il rejoint le Parti communiste chinois peu après sa fondation, devenant rapidement un membre actif de l'organisation. Dans les années 1920, il est envoyé à Moscou pour y poursuivre sa formation politique et y apprend les théories du communisme directement auprès des dirigeants soviétiques. De retour en Chine, il participe aux luttes prolétariennes et devient un leader syndical important, organisant des grèves et étendant l'influence du Parti communiste au sein des masses ouvrières.

Au cours des années 1930, Liu Shaoqi est l'un des leaders de la Longue Marche, une épopée militaire qui permet au Parti communiste de survivre face aux assauts de l'armée nationaliste de Chiang Kai-shek. Sa compétence organisationnelle et sa capacité à motiver les troupes font de lui un atout précieux pour le Parti. Durant la guerre sino-japonaise (1937-1945), Liu était responsable de la mobilisation et de l'organisation des régions sous contrôle communiste, établissant des structures administratives qui allaient servir de modèle pour la Chine communiste après 1949.

Avec la fondation de la République populaire de Chine en 1949, Liu Shaoqi occupe des positions clés au sein du nouveau gouvernement. Il est vice-président du Parti communiste chinois et joue un rôle décisif dans l'élaboration des politiques économiques du pays. Liu est notamment impliqué dans la mise en place de la réforme agraire, qui redistribue les terres aux paysans et marque une rupture radicale avec le passé féodal de la Chine. Durant les années 1950, il devient un fervent partisan de la collectivisation et de l'industrialisation rapide, tout en insistant sur la nécessité d'une approche pragmatique de l'économie.

En 1959, Liu Shaoqi succède à Mao Zedong comme président de la République populaire de Chine. Cette période est marquée par les conséquences du Grand Bond en avant, une campagne économique lancée par Mao en 1958 qui s'est soldée par un échec retentissant et une famine massive, causant des millions de morts. Liu tente de redresser la situation économique en adoptant des mesures plus pragmatiques, critiquant implicitement les excès de Mao et mettant en œuvre des réformes pour relancer la production agricole et stabiliser l'économie. Il plaide pour une approche plus modérée et une certaine décentralisation, ce qui le place en opposition directe avec Mao, qui perçoit ces réformes comme une menace à son autorité.

Le conflit entre Liu Shaoqi et Mao Zedong atteint son paroxysme avec le déclenchement de la Révolution culturelle en 1966. Mao, cherchant à reprendre le contrôle du Parti et à éliminer ses adversaires, lance une campagne politique contre les "prétendus révisionnistes" au sein du Parti communiste. Liu Shaoqi devient la principale cible de cette campagne. Il est accusé de trahison et d'être un "capitaliste infiltré" au sein du Parti, des accusations qui servent à justifier sa destitution. En 1968, Liu est publiquement humilié, arrêté et placé en détention. Les conditions de sa détention sont extrêmement dures, et il est privé de soins médicaux, ce qui conduit à sa mort le 12 novembre 1969.

Liu Shaoqi meurt dans l'anonymat, exclu de l'histoire officielle et sans funérailles dignes de son statut. Ce n'est qu'à la fin des années 1970, après la mort de Mao Zedong et la fin de la Révolution culturelle, que Liu est réhabilité par le Parti communiste chinois sous la direction de Deng Xiaoping. Sa réhabilitation marque une reconnaissance tardive de son rôle dans la construction de la Chine moderne et un aveu des excès de la Révolution culturelle. Liu est aujourd'hui considéré comme un leader pragmatique qui a tenté de stabiliser et de moderniser la Chine à une époque où les politiques utopiques de Mao ont conduit à des catastrophes humanitaires.

Malgré la tragédie de ses dernières années, l'héritage de Liu Shaoqi perdure dans la mémoire collective chinoise. Il est reconnu comme l'un des artisans de la révolution et de la consolidation de la République populaire de Chine. Son approche pragmatique de l'économie et sa volonté de corriger les erreurs du Grand Bond en avant font de lui une figure centrale, bien que controversée, de l'histoire moderne chinoise. Liu Shaoqi incarne les espoirs et les contradictions de la période révolutionnaire, à la fois héros du communisme chinois et victime des luttes de pouvoir internes qui ont ébranlé le Parti communiste.

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