Crise et défis de l'économie égyptienne
En 2024, l'Égypte traverse une période économique complexe, marquée par une croissance modérée, une inflation élevée et des défis structurels persistants. Le produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance de 2,4 % pour l'exercice fiscal 2023/2024, en baisse par rapport aux 3,8 % de l'exercice précédent. Cette décélération est attribuée à divers facteurs, notamment une inflation galopante et des pressions sur la balance des paiements. La conjoncture mondiale défavorable, marquée par les perturbations des chaînes d'approvisionnement et la hausse des prix des matières premières, a également contribué à ralentir la croissance économique de l'Égypte.
L'inflation a atteint des niveaux préoccupants, culminant à 32,5 % en 2024, avant une prévision de diminution à 25,7 % en 2025. Cette hausse des prix affecte particulièrement les biens de consommation courante, érodant le pouvoir d'achat des ménages et exacerbant les inégalités sociales. Pour de nombreux Égyptiens, le coût de la vie est devenu insupportable, notamment en ce qui concerne les produits alimentaires de base, dont les prix ont été multipliés par deux, voire par trois dans certaines régions du pays. Les autorités monétaires ont entrepris des mesures de resserrement pour contenir cette inflation, mais les résultats se font encore attendre. La Banque centrale d'Égypte a relevé ses taux d'intérêt à plusieurs reprises, tentant de freiner la hausse des prix, mais cela a également eu pour effet de réduire l'accès au crédit pour les petites entreprises et les particuliers, aggravant ainsi la situation économique pour beaucoup.
Le secteur industriel, pilier de l'économie égyptienne, a montré des signes de reprise. Après une période de contraction, il a enregistré une croissance positive de 4,7 % au dernier trimestre de 2024, grâce à des performances notables dans les industries du prêt-à-porter, du textile et des produits électroniques. Cependant, cette reprise reste fragile et dépendante de la stabilité macroéconomique et des réformes structurelles en cours. Le secteur de la construction, qui avait connu une forte croissance ces dernières années, a également été touché par la hausse des coûts des matériaux et la rareté des financements. Néanmoins, certains projets d'infrastructure, comme l'extension de la nouvelle capitale administrative et les travaux d'amélioration des transports publics, continuent d'avancer, apportant une bouffée d'oxygène à certaines entreprises locales.
Parallèlement, l'endettement public demeure une préoccupation majeure. La dette publique représente environ 90,8 % du PIB en 2024, limitant la capacité du gouvernement à investir dans des projets de développement et à soutenir la croissance économique. La gestion de cette dette est cruciale pour assurer la viabilité financière du pays à long terme. Les paiements des intérêts de la dette accaparent une grande partie du budget national, limitant les dépenses publiques dans des secteurs vitaux comme la santé, l'éducation et les infrastructures. De plus, la dépendance accrue à l'égard des prêts internationaux expose le pays aux fluctuations des taux de change et aux exigences des créanciers, ce qui limite la marge de manœuvre économique du gouvernement.
Le gouvernement égyptien a exprimé son ambition d'augmenter ses revenus en devises à 300 milliards de dollars d'ici 2030, en s'appuyant sur des secteurs clés tels que les exportations, le tourisme et les revenus du canal de Suez. Cette stratégie vise à diversifier les sources de revenus et à renforcer la résilience de l'économie face aux chocs externes. Le canal de Suez, qui reste une source majeure de revenus pour l'Égypte, a vu ses recettes augmenter en raison de l'augmentation des tarifs de passage et de la hausse du volume du trafic maritime mondial. Cependant, le tourisme, un autre pilier essentiel, reste en deçà de son potentiel, malgré les efforts du gouvernement pour attirer les visiteurs avec de nouvelles initiatives et une campagne internationale de promotion.
Le tourisme, en particulier, est l'un des secteurs sur lesquels le gouvernement compte pour générer des devises. Après avoir été gravement touché par la pandémie de COVID-19, le secteur commence à montrer des signes de reprise, avec une augmentation du nombre de visiteurs étrangers, notamment en provenance de l'Europe de l'Est et du Golfe. Cependant, cette reprise reste vulnérable aux fluctuations de la situation sécuritaire et à l'instabilité politique qui pourrait dissuader les touristes potentiels. Le gouvernement a lancé plusieurs projets pour revitaliser des sites historiques et promouvoir des événements culturels afin d'attirer plus de touristes, mais les résultats restent mitigés.
Malgré ces défis, des signes positifs émergent. L'adhésion de l'Égypte au groupe des BRICS en janvier 2024 ouvre de nouvelles opportunités de coopération économique et commerciale. Les échanges commerciaux avec les membres des BRICS ont atteint environ 25 milliards de dollars, avec une augmentation notable des exportations vers l'Inde, la Russie et le Brésil. Cette intégration pourrait stimuler la croissance économique et attirer davantage d'investissements étrangers, notamment dans les secteurs de l'énergie et des infrastructures. En rejoignant les BRICS, l'Égypte espère également bénéficier d'un soutien financier accru et d'une coopération plus étroite dans des domaines stratégiques tels que la technologie, l'agriculture et la sécurité énergétique.
En outre, le gouvernement égyptien mise sur le développement des énergies renouvelables pour diversifier son économie et réduire sa dépendance aux importations de combustibles fossiles. Des projets ambitieux dans le domaine de l'énergie solaire et éolienne sont en cours, en collaboration avec des partenaires étrangers, pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national. L'objectif est de faire de l'Égypte un hub énergétique régional, capable d'exporter de l'électricité vers ses voisins africains et européens. Cette transition énergétique est considérée comme un levier important pour renforcer l'indépendance économique du pays et attirer de nouveaux investissements.
L'Égypte en 2024 est à la croisée des chemins, confrontée à des défis économiques significatifs mais également dotée d'opportunités pour redresser son économie. Les réformes en cours, soutenues par des partenariats internationaux, seront déterminantes pour tracer la voie vers une croissance durable et inclusive. Le succès de ces réformes dépendra de la capacité du gouvernement à équilibrer les mesures d'austérité nécessaires avec des politiques de soutien aux plus vulnérables, afin de maintenir la cohésion sociale dans un contexte de tensions croissantes.
Les mesures du FMI pour soutenir l'Égypte
En 2024, l'Égypte a renforcé sa collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de stabiliser son économie, qui fait face à une inflation galopante, une dette publique élevée et une pression accrue sur ses réserves de devises. En mars de cette année, un nouvel accord a été signé pour augmenter le programme de financement à 8 milliards de dollars, incluant une rallonge de 5 milliards de dollars en soutien additionnel. Ce financement vise à épauler le gouvernement égyptien dans ses réformes économiques ambitieuses tout en atténuant les effets des chocs externes sur la population.
Le programme de réforme soutenu par le FMI repose sur plusieurs axes clés visant à rétablir l'équilibre macroéconomique du pays et à stimuler la croissance. Le premier axe est la flexibilité du taux de change. Le FMI a encouragé l'Égypte à adopter un régime de change flexible, ce qui permettrait de refléter la valeur réelle de la livre égyptienne et de réduire les pressions sur les réserves de devises étrangères. Cela s'inscrit dans une stratégie visant à rétablir la confiance des investisseurs étrangers et des marchés. En pratique, cette mesure a entraîné des dévaluations successives de la monnaie nationale, rendant les importations plus coûteuses, mais favorisant potentiellement les exportations égyptiennes. L'objectif est de rendre les produits égyptiens plus compétitifs à l'international et d'améliorer la balance commerciale.
Le deuxième axe concerne la discipline budgétaire et la réduction du déficit public. Le FMI a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques fiscales strictes, y compris une rationalisation des dépenses publiques et une augmentation des recettes fiscales. Ces mesures incluent la réforme des subventions, en particulier celles relatives aux produits énergétiques, qui représentent une part importante du budget de l'État. Le gouvernement égyptien a commencé à réduire ces subventions, ce qui a entraîné une augmentation des prix de l'énergie pour les consommateurs, mais qui est jugé nécessaire pour réduire le déficit. En outre, des réformes fiscales ont été introduites, notamment la modernisation du système de collecte des impôts et l'élargissement de l'assiette fiscale pour inclure davantage de secteurs de l'économie informelle, afin d'augmenter les revenus de l'État. Ces efforts visent également à améliorer l'efficience des dépenses publiques et à réorienter les ressources vers les investissements prioritaires tels que la santé et l'éducation.
Un autre axe important est la protection sociale. Le FMI et le gouvernement égyptien reconnaissent que les réformes économiques peuvent avoir un impact négatif sur les plus vulnérables. C'est pourquoi une partie du financement est allouée à l'extension des programmes de protection sociale, visant à aider les familles à faible revenu à faire face à l'augmentation des coûts de la vie. Cela inclut des transferts monétaires directs et des initiatives pour subventionner certains produits de première nécessité. Le programme « Takaful et Karama » a été renforcé pour couvrir un plus grand nombre de ménages, offrant une aide directe à ceux qui en ont le plus besoin. Par ailleurs, des initiatives visant à améliorer l'accès aux soins de santé et à l'éducation ont été mises en place, afin de compenser l'impact des réformes économiques sur les plus démunis et de renforcer le capital humain à long terme.
Le programme du FMI met également l'accent sur les réformes structurelles visant à stimuler la croissance à long terme. Il s'agit notamment de réduire le rôle de l'État dans l'économie et d'encourager la participation du secteur privé. Le gouvernement a annoncé plusieurs initiatives pour privatiser certaines entreprises publiques et attirer davantage d'investissements étrangers. Ces réformes visent à améliorer l'efficacité économique et à créer un environnement plus propice aux affaires. Des secteurs tels que les télécommunications, les transports et l'énergie sont en cours de restructuration afin de permettre une plus grande participation du secteur privé. Ces mesures comprennent également l'amélioration de la réglementation du marché du travail pour faciliter la création d'emplois et encourager l'embauche dans le secteur privé. L'objectif est de réduire le chômage, en particulier chez les jeunes, qui sont parmi les plus touchés par le manque d'opportunités d'emploi.
Le renforcement du secteur financier est un autre pilier du programme de réforme. Le FMI collabore avec les autorités égyptiennes pour améliorer la résilience du secteur bancaire et élargir l'accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME). Le but est de stimuler l'innovation et de favoriser la création d'emplois, notamment pour les jeunes, qui constituent une part importante de la population active égyptienne. Des réformes visant à accroître la transparence et la supervision du secteur bancaire ont été mises en œuvre pour renforcer la confiance des investisseurs. Par ailleurs, des programmes de microfinance ont été développés pour soutenir les entrepreneurs et les petites entreprises, en particulier dans les zones rurales, où l'accès au financement est limité. Ces initiatives sont cruciales pour stimuler la croissance inclusive et réduire les disparités régionales en matière de développement économique.
Enfin, la transparence et la bonne gouvernance sont au cœur des préoccupations du FMI. Pour assurer la réussite des réformes, il est essentiel que les institutions publiques égyptiennes améliorent leur transparence et renforcent leur lutte contre la corruption. Le FMI a encouragé la mise en place de mesures pour améliorer la transparence budgétaire et renforcer les mécanismes de responsabilisation au sein des institutions de l'État. Le gouvernement a lancé plusieurs initiatives pour numériser les processus administratifs et réduire les opportunités de corruption, notamment par l'utilisation accrue des technologies de l'information dans la gestion des finances publiques. Des efforts ont également été déployés pour renforcer le cadre juridique et institutionnel, en mettant en place des organes de contrôle indépendants chargés de surveiller les finances publiques et d'assurer une gestion responsable des ressources de l'État.
Malgré ces efforts, les réformes soutenues par le FMI suscitent des réactions mitigées au sein de la population égyptienne. D'un côté, certains voient ces mesures comme étant essentielles pour stabiliser l'économie et créer un environnement propice aux investissements étrangers. De l'autre, une partie de la population exprime des craintes quant à l'impact des réformes sur leur niveau de vie, notamment en raison de la hausse des prix et de la réduction des subventions. Les prochaines semaines ont vu éclater des manifestations sporadiques dans plusieurs grandes villes, où les citoyens expriment leur mécontentement face à la dégradation de leur pouvoir d'achat. Le gouvernement est confronté au défi de maintenir la paix sociale tout en poursuivant ses réformes économiques. Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer l'efficacité des mesures mises en place et la capacité du gouvernement à concilier réformes économiques et cohésion sociale.
Le programme de réformes soutenu par le FMI est ambitieux et vise à restructurer profondément l'économie égyptienne. Cependant, la réussite de ce programme dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ces réformes tout en préservant la stabilité sociale et en minimisant l'impact négatif sur les populations les plus vulnérables. Le soutien international, la participation du secteur privé et la transparence dans la gestion des finances publiques seront des éléments déterminants pour assurer un avenir économique plus stable et prospère pour l'Égypte.
Perspectives des partis politiques égyptiens
Les mesures économiques proposées par le Fonds monétaire international (FMI) en 2024 ont suscité des réactions variées parmi les partis politiques égyptiens, reflétant la diversité des opinions sur la meilleure voie à suivre pour l'économie nationale. Ces réactions vont de l'enthousiasme prudent à la franche opposition, chaque parti ayant sa propre vision des défis et opportunités que présentent les réformes économiques du FMI.
Le Parti du Futur de la Nation, majoritaire au Parlement, a exprimé son soutien aux réformes suggérées par le FMI. Ses dirigeants estiment que ces mesures sont essentielles pour stabiliser l'économie, attirer les investissements étrangers et stimuler la croissance à long terme. Ils soulignent que la flexibilité du taux de change et la réduction des subventions énergétiques, bien que difficiles à court terme, sont nécessaires pour corriger les déséquilibres économiques et renforcer la compétitivité de l'Égypte sur la scène internationale. Le parti a également mis en avant les opportunités d'augmentation des exportations grâce à une monnaie plus compétitive, tout en reconnaissant que la période d'ajustement pourrait être douloureuse pour de nombreuses familles. Néanmoins, ils affirment que ces réformes sont une étape indispensable vers la modernisation économique du pays et la création de nouvelles opportunités d'emploi, notamment dans les secteurs de l'industrie et des services.
En revanche, le Parti Social-Démocrate Égyptien a exprimé des réserves quant à l'impact social des réformes proposées. Ses représentants craignent que la réduction des subventions et l'augmentation des prix de l'énergie n'affectent disproportionnellement les ménages à faible revenu, aggravant ainsi les inégalités sociales. Le parti considère que ces mesures risquent de creuser le fossé entre les différentes classes sociales, laissant une grande partie de la population en difficulté. Ils appellent à une mise en œuvre progressive des réformes, accompagnée de mesures de protection sociale renforcées pour atténuer les effets négatifs sur les plus vulnérables. Le Parti Social-Démocrate a également insisté sur l'importance d'investir dans des programmes de soutien à l'éducation et à la santé afin de renforcer le capital humain et de garantir que la croissance soit inclusive. Pour eux, il est essentiel que l'État continue à jouer un rôle actif dans la protection de ses citoyens les plus fragiles.
Le Parti de la Constitution, quant à lui, a critiqué le manque de transparence dans les négociations avec le FMI. Il demande une plus grande implication des acteurs politiques et de la société civile dans le processus décisionnel, arguant que les réformes économiques doivent être le fruit d'un consensus national pour garantir leur succès et leur acceptation par la population. Le parti considère que les discussions à huis clos avec le FMI éloignent les citoyens des décisions qui affectent leur quotidien et que la transparence est la clé pour éviter la méfiance et les résistances populaires. Le Parti de la Constitution propose également la tenue de débats publics et de consultations populaires sur les réformes, estimant que la participation citoyenne est indispensable pour assurer la légitimité des décisions économiques.
De son côté, le Parti Nour, d'orientation salafiste, a exprimé des préoccupations concernant la souveraineté économique de l'Égypte. Il craint que la dépendance accrue envers le FMI ne limite la capacité du pays à définir ses propres politiques économiques en fonction de ses priorités nationales. Pour le Parti Nour, les conditions imposées par le FMI risquent de subordonner les intérêts égyptiens à ceux des créanciers internationaux. Le parti plaide pour des solutions alternatives, telles que le renforcement des partenariats économiques avec les pays arabes et islamiques, afin de diversifier les sources de financement et de réduire la dépendance aux institutions financières internationales. Nour estime que l'Égypte devrait privilégier des accords bilatéraux avec ses voisins du Golfe, qui pourraient apporter une aide financière sans les exigences drastiques souvent associées aux prêts du FMI.
Enfin, le Parti de la Justice et de la Liberté, affilié aux Frères Musulmans, a rejeté les propositions du FMI, les qualifiant de diktats économiques imposés de l'extérieur. Il appelle à une mobilisation populaire contre les réformes, arguant qu'elles ne servent pas les intérêts du peuple égyptien et risquent d'aggraver la pauvreté et le chômage. Selon le parti, les réformes du FMI sont une forme de néocolonialisme économique, qui prive l'Égypte de sa souveraineté et soumet l'économie nationale à des intérêts étrangers. Le Parti de la Justice et de la Liberté propose à la place un modèle de développement basé sur l'autosuffisance, le soutien aux petites et moyennes entreprises locales, et une agriculture renforcée pour limiter la dépendance alimentaire. Ils appellent également à la création de coopératives et au renforcement des réseaux d'entraide communautaire pour faire face à la crise économique de manière solidaire.
Les propositions du FMI ont mis en lumière les divergences au sein du paysage politique égyptien. Alors que certains partis voient dans ces réformes une opportunité de redresser l'économie, d'autres s'inquiètent de leurs répercussions sociales et de l'impact sur la souveraineté nationale. Ces débats reflètent les défis complexes auxquels l'Égypte est confrontée dans sa quête d'une croissance économique durable et inclusive. Pour que ces réformes réussissent, il semble de plus en plus clair qu'elles devront être accompagnées d'un effort accru de dialogue et de communication avec la population, afin de garantir un soutien populaire et de minimiser les tensions sociales. La capacité des autorités à équilibrer réformes économiques, cohésion sociale, et respect de la souveraineté sera cruciale pour déterminer l'avenir du pays.
Ce que pensent les égyptiens de ces mesures
Les réformes économiques proposées par le Fonds monétaire international (FMI) en 2024 ont suscité des réactions diverses au sein de la population égyptienne, reflétant une gamme d'opinions sur leur impact potentiel sur la vie quotidienne et l'économie nationale.
Selon un sondage réalisé en août 2024 par le Centre égyptien de recherche sur l'opinion publique, 45 % des Égyptiens estiment que les réformes du FMI sont nécessaires pour stabiliser l'économie du pays. Ces personnes considèrent que des mesures telles que la flexibilité du taux de change et la réduction des subventions énergétiques pourraient attirer des investissements étrangers et stimuler la croissance économique à long terme. Beaucoup parmi ce groupe expriment l'idée que les sacrifices actuels pourraient être compensés par des bénéfices futurs, notamment par l'augmentation des opportunités d'emploi et l'amélioration des infrastructures.
Cependant, 38 % des sondés expriment des préoccupations quant aux effets négatifs de ces réformes sur les ménages à faible revenu. Ils craignent que l'augmentation des prix de l'énergie et des biens de consommation de base n'aggrave les inégalités sociales et n'entraîne une hausse du coût de la vie, rendant la situation économique plus difficile pour les familles modestes. La hausse des prix de l'électricité, qui a augmenté de près de 25 % au cours des six derniers mois, ainsi que celle du carburant, est particulièrement pointée du doigt par ces opposants. Ils dénoncent également l'augmentation du prix des produits alimentaires de base, qui a grimpé en moyenne de 30 %, compliquant davantage la vie des ménages les plus démunis.
Par ailleurs, 17 % des participants au sondage se déclarent indécis ou manquent d'informations suffisantes pour se forger une opinion sur les réformes proposées. Ce groupe souligne la nécessité d'une communication plus transparente de la part du gouvernement concernant les objectifs des réformes et les mesures d'accompagnement prévues pour protéger les segments vulnérables de la société. Beaucoup parmi eux disent ne pas comprendre clairement les bénéfices que ces réformes apporteront au pays et expriment une certaine méfiance envers les décisions prises par les autorités sans consultation publique. Le manque de sensibilisation et d'information dans les médias locaux est souvent cité comme un obstacle majeur à la compréhension des enjeux.
En réponse à ces préoccupations, le gouvernement a annoncé la mise en place de programmes sociaux visant à atténuer l'impact des réformes sur les plus démunis. Ces initiatives comprennent l'extension des filets de sécurité sociale, des subventions ciblées pour les produits alimentaires essentiels et des programmes de formation professionnelle pour faciliter l'accès à l'emploi. Par exemple, le programme "Takaful et Karama" a été élargi pour inclure 500 000 familles supplémentaires, portant le nombre total de bénéficiaires à plus de 4 millions de ménages. En outre, le gouvernement a mis en place un fonds d'urgence pour subventionner certains produits de première nécessité, tels que le pain et l'huile, dont le prix a récemment augmenté de manière significative.
Malgré ces mesures, des manifestations sporadiques ont été signalées dans certaines régions du pays, où des citoyens expriment leur mécontentement face à la hausse des prix et à la diminution du pouvoir d'achat. Ces manifestations ont particulièrement eu lieu dans les gouvernorats de Minya et d'Assiout, où le taux de pauvreté est parmi les plus élevés du pays. Les manifestants ont critiqué la lenteur de la mise en place des aides promises et l'incapacité du gouvernement à contenir l'inflation. Les autorités ont appelé au calme et au dialogue, affirmant que les réformes sont indispensables pour assurer la stabilité économique à long terme et améliorer le niveau de vie de l'ensemble de la population. Le gouvernement a également annoncé la création d'un comité spécial chargé de surveiller la mise en œuvre des réformes et de proposer des ajustements si nécessaire.
La perception des Égyptiens concernant les réformes du FMI est partagée. Tandis qu'une partie de la population soutient les mesures en espérant une amélioration économique future, une autre partie exprime des inquiétudes légitimes quant à leurs répercussions immédiates sur le quotidien. La réussite de ces réformes dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à équilibrer les impératifs économiques avec les besoins sociaux, en veillant à ce que les bénéfices à long terme ne se fassent pas au détriment des plus vulnérables. Il est crucial que le gouvernement intensifie ses efforts pour communiquer de manière transparente et inclusive, et qu'il accélère la mise en œuvre des programmes de soutien pour éviter une dégradation du climat social qui pourrait mettre en péril l'ensemble du programme de réformes.