le 12 janvier 1991, le Congrès des États-Unis, après de vifs débats, approuve une résolution autorisant l’utilisation de la force militaire contre l’Irak afin de libérer le Koweït, envahi et occupé par les troupes de Saddam Hussein depuis le 2 août 1990. Ce vote décisif marque une étape majeure dans la crise internationale qui a suivi cette invasion, ouvrant la voie à l’opération militaire d’envergure baptisée « Tempête du désert ».
L’année 1990 s’était achevée dans une atmosphère tendue au Moyen-Orient, marquée par l’effondrement des relations de confiance entre l’Irak et ses voisins. Affaibli économiquement par sa guerre prolongée contre l’Iran (1980-1988), le régime de Saddam Hussein faisait face à une dette colossale, notamment envers des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite et le Koweït, qui avaient financé son effort de guerre. Saddam Hussein exprimait des revendications territoriales et des griefs économiques à l'encontre de l'émirat. Il accusait notamment le Koweït de pratiquer le forage oblique dans le champ pétrolifère de Roumaïla, situé à la frontière entre les deux pays, et de dépasser les quotas de production fixés par l'OPEP, contribuant ainsi à la baisse des prix du pétrole, ce qui nuisait gravement à l'économie irakienne.
Lors d'une rencontre avec l'ambassadrice américaine April Glaspie le 25 juillet 1990, Saddam Hussein déclara : « Nous ne pouvons plus tolérer cette situation. » Il ajouta que si le Koweït et les Émirats arabes unis ne réduisaient pas leur production pétrolière, l'Irak « saurait comment obtenir réparation ».
Dans ce contexte de vulnérabilité économique et d’isolement diplomatique, l’Irak revendiquait le Koweït comme une province historique irrégulièrement détachée lors de la période coloniale britannique. Cette justification servit de prétexte à une invasion brutale le 2 août 1990, réalisée avec une rapidité étonnante qui mit fin à toute résistance koweïtienne.
Ce coup de force provoqua une réaction immédiate de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopta successivement les résolutions 660 et 661, exigeant le retrait inconditionnel des forces irakiennes et instaurant un embargo économique drastique pour asphyxier le régime de Bagdad. La résolution 678, adoptée en novembre 1990, autorisa explicitement l’usage de la force si l’Irak ne se retirait pas avant le 15 janvier 1991. L’escalade diplomatique traduisait une volonté claire des puissances mondiales de restaurer l’intégrité territoriale du Koweït tout en dissuadant tout futur expansionnisme irakien.
Le président des États-Unis, George H. W. Bush, joua un rôle central dans la mobilisation diplomatique contre l’Irak. Dès le 8 août 1990, il déclara : « Sans provocation ni avertissement, les forces armées irakiennes ont envahi un Koweït pacifique. Cette agression ne peut rester sans réponse. » Il réussit à former une large coalition internationale regroupant 34 pays, incluant des nations arabes comme l’Arabie saoudite et l’Égypte, ainsi que des alliés traditionnels des États-Unis comme la Grande-Bretagne et la France. L’opinion publique américaine et mondiale restait cependant divisée quant à la nécessité d’une intervention militaire. Les débats au Congrès des États-Unis reflétaient cette division, avec des arguments sur la légitimité, les conséquences et les coûts potentiels d’une guerre.
La résolution adoptée le 12 janvier, avec une marge relativement étroite, fut le résultat d’intenses débats au sein du Congrès des États-Unis. La Chambre des représentants vota par 250 voix contre 183, tandis que le Sénat approuva la mesure par une marge encore plus serrée, avec 52 votes en faveur et 47 contre. Ces discussions reflétaient des tensions profondes sur la nécessité et la justesse d’une intervention militaire. Les partisans soulignaient l’importance de rétablir la souveraineté du Koweït et de démontrer la volonté des Nations unies de faire respecter le droit international. Les opposants, quant à eux, redoutaient les coûts humains et financiers d’une guerre, ainsi que ses conséquences incertaines sur la stabilité régionale. L’issue du vote conféra au président Bush l’autorisation légale de lancer une opération militaire si l’Irak ne se retirait pas du Koweït avant le 15 janvier, date butoir fixée par une résolution de l’ONU. Juste après le vote, le président George H. W. Bush déclara : « Je suis très satisfait que le Congrès ait soutenu la position américaine. Cette décision reflète notre unité et notre détermination à défendre la justice internationale. » Cette décision conférait une légitimité à une intervention armée sous l’égide de la communauté internationale.
Le 17 janvier 1991, moins d’une semaine après ce vote historique, l’opération « Tempête du désert » fut lancée. Elle débuta par une campagne de bombardements aériens massifs, mobilisant plus de 1 000 avions alliés qui exécutèrent plus de 100 000 sorties en six semaines. Les frappes ciblèrent avec précision les systèmes de défense anti-aérienne, les centres de commandement, les dépôts d’armes, les bases aériennes et les infrastructures critiques comme les ponts et les centrales électriques. Cette première phase, conduite avec une technologie de pointe, incluant des missiles guidés par laser et des bombes à guidage satellitaire, visait à désorganiser l’armée irakienne et à limiter ses capacités opérationnelles tout en minimisant les pertes alliées.
Les frappes aériennes mirent à mal les capacités stratégiques de l’Irak et eurent un impact psychologique considérable, affaiblissant le moral des troupes irakiennes. Les bombardements ciblèrent également les centres de communication et les installations industrielles liées à l’effort de guerre, paralysant l’économie irakienne. Cependant, cette campagne ne fut pas exempte de controverses : certains sites civils furent touchés, entraînant des pertes humaines parmi les populations locales et soulevant des critiques internationales sur la nécessité de certaines cibles.
Malgré ces controverses, le succès rapide de cette campagne aérienne permit de préparer une offensive terrestre massive. Lancée le 24 février 1991, cette offensive balaya les forces irakiennes en seulement quatre jours, permettant aux troupes de la coalition de libérer le Koweït et d’infliger une défaite majeure à l’Irak.
Cependant, les conséquences de cette intervention ne se limitèrent pas à la libération du Koweït. Sur le plan international, elle renforça temporairement le rôle des États-Unis comme puissance hégémonique et démontra l’efficacité de leur machine militaire. Mais elle souleva aussi des critiques majeures, notamment concernant les pertes humaines et les conséquences écologiques.
Les bombardements massifs, bien que ciblés, causèrent de lourdes pertes parmi les civils. De nombreux quartiers résidentiels furent accidentellement touchés, provoquant des pertes humaines estimées à plusieurs milliers. Les hôpitaux irakiens furent rapidement saturés par l’afflux de blessés, tandis que les infrastructures vitales telles que les réseaux d’eau potable et d’énergie furent gravement endommagées, exacerbant les souffrances de la population.
L’impact écologique fut également catastrophique. Les forces irakiennes, en retraite, mirent le feu à plus de 600 puits de pétrole au Koweït, créant des incendies qui brûlèrent pendant des mois. Ces feux libérèrent des quantités massives de fumées toxiques, obscurcissant le ciel sur des centaines de kilomètres et contaminant l’environnement. La faune et la flore locales furent dévastées, tandis que des dégâts à long terme sur les sols et les nappes phréatiques furent constatés. Ces événements ont laissé des traces durables sur les écosystèmes de la région, et les conséquences sanitaires pour les populations locales continuent d’être évaluées à ce jour.
Après la défaite militaire lors de la guerre du Golfe en 1991, le régime de Saddam Hussein en Irak est resté en place, bien que considérablement affaibli. Des soulèvements internes ont éclaté, notamment l'insurrection irakienne de 1991, où des populations chiites du sud et kurdes du nord se sont révoltées contre le pouvoir central. Ces révoltes, bien que encouragées par des appels internationaux, n'ont pas reçu le soutien militaire direct de la coalition dirigée par les États-Unis. Le régime de Saddam Hussein a réprimé ces insurrections avec une grande violence, entraînant des milliers de victimes civiles.
Par ailleurs, l'embargo économique imposé par les Nations unies est resté en vigueur après la guerre, visant à contraindre l'Irak à se conformer aux résolutions internationales, notamment en ce qui concerne le désarmement. Cet embargo a eu des conséquences humanitaires dévastatrices, provoquant une pénurie de biens essentiels et une détérioration des conditions de vie pour la population irakienne pendant plus d'une décennie.
Dans le monde arabe, l'intervention militaire menée par les États-Unis a suscité des réactions mitigées. D'une part, certains États et populations ont soutenu la libération du Koweït, considérant l'invasion irakienne comme une violation flagrante de la souveraineté nationale. D'autre part, l'intervention occidentale a été perçue par beaucoup comme une ingérence dans les affaires régionales, alimentant un sentiment de méfiance et de ressentiment envers les puissances occidentales.
L’autorisation du Congrès américain, en ce 12 janvier 1991, reste une étape symbolique et décisive dans l’histoire contemporaine. Elle illustre la complexité des décisions politiques en temps de crise et leurs répercussions à long terme sur l’échiquier international.