19 mars 2003 : les États-Unis et leurs alliés lancent l'opération "Liberté irakienne" en Irak, marquant le début de la guerre visant à renverser le régime de Saddam Hussein.
Le 19 mars 2003, une coalition menée par les États-Unis engage une intervention militaire d'envergure contre l'Irak, invoquant la nécessité d'éliminer une menace supposée pour la sécurité mondiale. L'administration américaine affirme que le régime de Saddam Hussein détient des armes de destruction massive et maintient des liens avec des groupes terroristes, justifiant ainsi une action préventive. Cette guerre, qui s'inscrit dans une stratégie plus large de remodelage du Moyen-Orient, s'accompagne d'une volonté affichée de renverser un dictateur jugé dangereux et de favoriser l'émergence d'un gouvernement plus favorable aux intérêts occidentaux. Cependant, de nombreux observateurs soulignent que les motivations sous-jacentes pourraient inclure un contrôle accru des ressources pétrolières et un rééquilibrage géopolitique dans la région.
Le président américain George W. Bush, avec le soutien du Premier ministre britannique Tony Blair et d'autres alliés, justifie l'intervention en affirmant que le régime irakien représente une menace imminente, notamment en raison de ses supposés programmes d'armes chimiques et biologiques, ainsi que de ses liens présumés avec des groupes terroristes. Cette position est soutenue par un discours appelant à une démocratisation du Moyen-Orient par la force. Toutefois, les inspections menées par l'ONU avant l'invasion n'ont pas permis de déceler la présence d'armes de destruction massive, jetant le doute sur la légitimité du conflit. L'absence d'approbation du Conseil de sécurité de l'ONU, malgré les efforts diplomatiques américains et britanniques, accentue les tensions internationales.
Parmi les opposants les plus virulents à cette guerre, le président français Jacques Chirac défend une position de fermeté contre une intervention militaire unilatérale. Il estime que les inspections doivent suivre leur cours et qu'aucune preuve tangible ne justifie un assaut militaire. Dans un discours marquant, il prévient que l'invasion risque de déstabiliser toute la région et de nourrir des ressentiments durables à l'égard de l'Occident.
Son opposition est relayée de manière retentissante par le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, qui prononce un discours historique au Conseil de sécurité de l'ONU le 14 février 2003. Il déclare avec fermeté : "L'usage de la force n'est pas justifié aujourd'hui. Il y a une alternative à la guerre : d'autres choix sont possibles, conformes à la responsabilité de la communauté internationale." Il rappelle l'importance du droit international et met en garde contre les conséquences d'une invasion précipitée : "Cette guerre, qui pourrait détruire l'unité internationale contre le terrorisme, porterait un coup sévère à la région tout entière."
Ce discours est particulièrement remarqué pour son ton solennel et sa clarté diplomatique, provoquant une fracture diplomatique majeure entre la France et les États-Unis. De Villepin conclut en affirmant : "Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à tout faire pour donner la priorité au désarmement par la paix."
Cette prise de position cristallise les tensions, illustrées par la fameuse opposition entre la "vieille Europe" et l'administration Bush, qui voit dans cette résistance française un frein à ses ambitions stratégiques.
Dès les premières heures de l'offensive, le 19 mars 2003, l'armée américaine lance l'opération "Shock and Awe", une campagne de frappes aériennes massives destinée à ébranler le régime de Saddam Hussein. À 5h34 heure locale, des missiles Tomahawk et des bombes de précision s'abattent sur Bagdad, visant des bâtiments gouvernementaux, des centres de communication et des installations militaires stratégiques. La capitale irakienne est plongée dans le chaos, alors que des explosions secouent la ville et qu'un immense panache de fumée envahit le ciel.
En parallèle, les troupes terrestres de la coalition, composées principalement de forces américaines et britanniques, traversent la frontière koweïtienne et avancent rapidement vers le sud de l'Irak. La première phase de l'opération consiste à prendre le contrôle des infrastructures essentielles et à neutraliser les défenses irakiennes. Les marines américains capturent la ville stratégique d'Umm Qasr après de violents combats, garantissant ainsi un premier point d'ancrage pour l'approvisionnement logistique.
Dans le même temps, des rumeurs circulent sur la localisation de Saddam Hussein. Un raid ciblé est mené sur une résidence supposée du dictateur à Bagdad, mais il reste introuvable. Les premiers discours de la Maison Blanche annoncent que l'opération se déroule comme prévu, bien que la résistance irakienne commence à se manifester, notamment par des tirs sporadiques et des contre-offensives limitées.
En quelques semaines, le régime baasiste de Saddam Hussein s'effondre sous la pression militaire de la coalition. Les forces américaines et britanniques poursuivent leur avancée rapide vers la capitale, affrontant sporadiquement des poches de résistance, mais sans opposition coordonnée de l'armée irakienne, déjà largement affaiblie.
Le 9 avril, les troupes américaines pénètrent dans Bagdad, où elles sont accueillies par une population partagée entre la peur, la colère et l'espoir. Les images du renversement de la statue de Saddam Hussein sur la place Firdos font le tour du monde, devenant le symbole de la chute du dictateur. Toutefois, tandis que certains Irakiens célèbrent l'arrivée des soldats, d'autres redoutent déjà l'incertitude de l'avenir. Les pilleurs se multiplient, les ministères sont saccagés et le chaos s'installe rapidement en l'absence d'une administration de transition efficace.
Saddam Hussein, en fuite, parvient à échapper aux opérations de recherche durant plusieurs mois en se cachant dans la région de Tikrit. Finalement, il est capturé par les forces spéciales américaines le 13 décembre 2003, trouvé dissimulé dans un trou près d'une ferme. Son procès, organisé par les nouvelles autorités irakiennes, se conclut par une condamnation à mort, et il est exécuté par pendaison le 30 décembre 2006.
Cependant, la guerre ne se termine pas avec la chute du régime. L'occupation qui s'ensuit est marquée par une insurrection violente qui prend rapidement de l'ampleur. Des groupes armés, composés d'anciens soldats de l'armée irakienne dissoute par l'administration américaine, de nationalistes et de militants islamistes, organisent des attaques contre les forces de la coalition et les nouvelles institutions irakiennes. Bagdad et d'autres grandes villes deviennent le théâtre d'attentats-suicides, de combats urbains et d'enlèvements ciblés.
Les tensions communautaires entre sunnites et chiites, exacerbées par l'élimination du régime baasiste et la marginalisation politique des sunnites, plongent le pays dans une guerre civile larvée. La constitution d'un gouvernement transitoire en 2004, sous la supervision des Américains, peine à instaurer une autorité légitime, tandis que des milices se constituent et prennent le contrôle de quartiers entiers.
La présence militaire américaine prolongée et l'absence de stabilité durable en Irak alimentent un ressentiment fort dans la population, qui voit les forces étrangères comme une armée d'occupation plutôt qu'un pouvoir libérateur. Cette situation favorise l'émergence de nouveaux groupes insurgés, dont Al-Qaïda en Irak, qui se renforce sous l'impulsion d'Abou Moussab Al-Zarqaoui. Ce mouvement deviendra par la suite l'État islamique, exploitant le chaos et les divisions confessionnelles pour imposer son influence sur de vastes territoires.
L'invasion de l'Irak en 2003 reste une décision controversée, ayant des conséquences profondes sur le Moyen-Orient et la politique étrangère américaine. Elle a redessiné les équilibres régionaux, renforcé l'influence de l'Iran et laissé une nation fracturée par des années de conflits intercommunautaires et d'instabilité politique.