Aujourd'hui 25 avril 2025, nous commémorons le 811e anniversaire de la naissance de Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis. Né le 25 avril 1214, ce roi emblématique de France a marqué l'histoire par sa piété, son sens de la justice et son engagement politique et militaire, notamment lors des croisades.
Louis IX voit le jour à Poissy, dans une famille royale puissante, au sein d’un contexte politique et religieux en pleine mutation. Il est le fils de Louis VIII, roi de France, surnommé "le Lion", et de Blanche de Castille, petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine et reine au tempérament affirmé. Blanche de Castille joue un rôle déterminant dans l’éducation de son fils, qu’elle entoure d’une vigilance extrême. Dès son plus jeune âge, Louis est baigné dans une atmosphère de ferveur religieuse, de rigueur morale et d’exigence intellectuelle. Blanche veille à ce qu’il reçoive une formation complète, en s’appuyant sur les meilleurs précepteurs de l’époque.
Lorsque Louis VIII meurt prématurément en novembre 1226, Louis n’a que 12 ans. Il est sacré roi de France à Reims peu après, mais c’est sa mère qui gouverne en tant que régente pendant près d’une décennie. Durant cette période agitée, marquée par la résistance de certains grands seigneurs et l’agitation albigeoise dans le sud du royaume, Blanche impose son autorité avec fermeté et diplomatie, consolidant l’unité du royaume. Elle n’hésite pas à prendre les armes pour défendre la couronne de son fils, tout en poursuivant son éducation personnelle. Louis grandit ainsi au contact du pouvoir, des intrigues politiques et d’une vision exigeante de la royauté. Il reçoit de sa mère l’idée que régner, c’est servir Dieu et faire régner la justice. Cette éducation marquera durablement sa personnalité et influencera chacun de ses choix tout au long de sa vie.
Marié en 1234 à Marguerite de Provence, alors âgée d’environ 13 ans, Louis IX noue une union qui dépasse rapidement le cadre politique habituel des mariages royaux. Marguerite, issue d’une famille influente du sud de la France, partage avec son époux une profonde foi chrétienne et un tempérament volontaire. Leur relation, bien que marquée par la retenue propre à l’époque, s’enrichit au fil des années d’une complicité sincère et d’un respect mutuel. Ensemble, ils auront onze enfants, dont plusieurs joueront un rôle important dans la diplomatie et la politique européenne.
Leur mariage connaît néanmoins des périodes de tension, notamment en raison des absences prolongées du roi, parti pour de longues campagnes militaires lors des croisades. Marguerite doit alors assumer seule les responsabilités domestiques et parfois politiques, comme lors de la captivité de Louis en Égypte où elle montre une force de caractère remarquable en négociant la libération du roi.
Louis IX, malgré ses obligations royales et religieuses, reste profondément impliqué dans la vie de sa famille. Il veille personnellement à l’éducation de ses enfants, insistant sur les vertus de piété, de modestie, de discipline et de service. Il laisse à son fils aîné, le futur Philippe III, un testament moral d’une grande richesse, véritable guide de conduite chrétienne et royale, qui témoigne de sa volonté de transmettre une vision du pouvoir fondée sur la justice, la foi et la responsabilité.
Couronné en 1226 à Reims, Louis IX n’a alors que 12 ans. La cérémonie de son sacre se déroule dans la cathédrale Notre-Dame de Reims, haut lieu symbolique de la monarchie capétienne. L'événement, d'une solennité remarquable, se tient le 29 novembre 1226, quelques semaines seulement après la mort de son père, Louis VIII.
La cathédrale est bondée de hauts dignitaires ecclésiastiques, de princes et de seigneurs, venus assister à l’élévation du jeune roi. Louis est amené à l’autel, vêtu d’un manteau bleu semé de fleurs de lys, tandis que l’archevêque de Reims lui administre l’onction sacrée avec la Sainte Ampoule, cette fiole contenant l’huile sainte réputée avoir été envoyée du ciel pour le baptême de Clovis. Ce geste, essentiel, consacre le caractère sacré de la royauté française.
Blanche de Castille, sa mère, assume un rôle central durant la cérémonie et surtout dans la suite immédiate, en tant que régente. Le peuple et les barons présents sont impressionnés par la dignité de la scène malgré la jeunesse du roi. Des festivités s’ensuivent dans la ville de Reims, avec banquets et distributions d’aumônes aux pauvres, conformément à l’idéal chrétien de charité qui imprègnera tout le règne de Louis.
Ce n’est qu’en 1234, lorsqu’il atteint l’âge de 20 ans, que Louis IX prend officiellement les rênes du pouvoir. Son règne, qui s'étend jusqu'à sa mort en 1270, est l’un des plus longs et des plus marquants du Moyen Âge français. Il consolide l’autorité royale face aux grands seigneurs féodaux, développe l’administration royale et initie une véritable politique de justice royale. Il institue notamment la "quarantaine-le-roi", un délai imposé avant qu’un seigneur ne puisse attaquer un autre, pour favoriser la médiation.
Louis IX réforme le système judiciaire en interdisant les duels judiciaires et en promouvant une justice plus équitable. Il crée également le Parlement de Paris comme cour d’appel, renforçant ainsi le rôle de la monarchie dans la résolution des conflits. Il se distingue par sa droiture et son sens aigu de la justice, rendant souvent lui-même la justice sous un chêne à Vincennes, selon la légende.
Très pieux, Louis IX est animé par une profonde foi chrétienne. Il mène deux croisades : la septième en 1248, qui se solde par un échec avec sa capture à Mansourah en Égypte, et la huitième en 1270, durant laquelle il meurt de la dysenterie à Tunis. Ces expéditions, bien qu’inefficaces sur le plan militaire, témoignent de son engagement spirituel et de sa volonté de défendre la chrétienté.
Il est également un grand mécène religieux : il fait construire la Sainte-Chapelle à Paris, chef-d’œuvre de l’art gothique, pour abriter les reliques de la Passion du Christ, dont la couronne d’épines. Il soutient les ordres mendiants, comme les franciscains et les dominicains, et encourage les œuvres de charité à travers le royaume.
Louis IX meurt le 25 août 1270 à Tunis, durant la huitième croisade qu’il avait entreprise dans le but de convertir le roi de Tunis et d’asseoir la foi chrétienne en Afrique du Nord. Affaibli par les conditions sanitaires désastreuses du camp et par les chaleurs accablantes de l’été, il contracte la dysenterie. La maladie se propage rapidement parmi les troupes, causant de nombreuses pertes. Malgré les soins prodigués, Louis s’affaiblit rapidement et meurt dans une atmosphère de recueillement religieux, entouré de son fils, le futur Philippe III, et de quelques conseillers fidèles.
Selon les chroniqueurs, ses dernières paroles auraient été : « Jérusalem, Jérusalem », prononcées dans un ultime élan mystique. Sa mort bouleverse l’armée et suscite une vive émotion dans tout le royaume. Son corps est éviscéré sur place selon le procédé de "mos Teutonicus" — une pratique permettant de transporter les restes royaux sur de longues distances — puis ses ossements sont rapatriés en France. Il est inhumé avec les honneurs à la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France.
Sa réputation de roi juste, charitable et pieux, renforcée par les nombreux récits de ses contemporains et la ferveur populaire, conduit à sa canonisation en 1297 par le pape Boniface VIII, sur demande de son petit-fils Philippe le Bel. Il devient alors Saint Louis, le seul roi de France canonisé par l'Église catholique, symbole du souverain chrétien idéal pour les siècles à venir.
L’image de Saint Louis reste extrêmement forte dans la mémoire collective française. Symbole du roi chrétien idéal, il incarne la justice, la foi et la sagesse. De nombreuses institutions, églises et villes portent son nom. Il demeure aussi une figure politique utilisée à diverses époques comme modèle de vertu monarchique.