Aujourd'hui 23 mai 2025, Ernest Monis aurait eu 179 ans. Né le 23 mai 1846 à Châteauneuf-sur-Charente (Charente), Ernest Monis est une figure marquante de la Troisième République française, tant par son engagement politique que par son parcours professionnel, marqué par la rigueur, la fidélité à ses idéaux républicains et une carrière qui l’a conduit jusqu’aux plus hautes fonctions de l’État.
Fils d’un notaire, Ernest Monis grandit dans un environnement provincial bourgeois, ce qui lui donne accès à une solide éducation. Il fait ses études secondaires à Angoulême avant de suivre un cursus de droit, obtenant le diplôme d’avocat. Il commence alors sa carrière professionnelle à Bordeaux, où il se fait rapidement remarquer pour son éloquence et ses convictions républicaines. Monis épouse Clémence Berthelot, issue d’une famille locale, et le couple aura plusieurs enfants. Sa vie privée reste marquée par la discrétion et un profond attachement aux valeurs familiales et au progrès social.
Son engagement politique s’affirme au fil des années 1870, une période agitée par la chute du Second Empire et la difficile installation de la République. Proche du courant républicain modéré, il est élu député de la Gironde en 1885, siégeant à l’Assemblée nationale. Dès lors, il va s’imposer comme une figure respectée du parlement, appartenant à la mouvance radicale mais pragmatique, attachée à la défense des institutions républicaines, à la laïcité, à l’instruction publique et à la justice sociale.
Ernest Monis est successivement réélu député de la Gironde puis, à partir de 1891, il est élu sénateur de la même circonscription, fonction qu’il exercera jusqu’à la fin de sa carrière. Homme de compromis, il se distingue par sa capacité à dialoguer avec toutes les composantes du camp républicain, ce qui lui vaut d’entrer à plusieurs reprises dans des gouvernements successifs. Il occupe notamment les fonctions de sous-secrétaire d’État à la Justice (1899-1902) puis de ministre de la Justice dans le cabinet de Pierre Waldeck-Rousseau (1899-1902). À ce poste, il participe activement à la lutte contre les menées anti-républicaines et soutient la politique de fermeté face aux tentatives de déstabilisation de la jeune République, tout en défendant les principes de laïcité et d’égalité devant la loi.
L’apogée de la carrière d’Ernest Monis est atteinte en 1911, lorsqu’il est nommé Président du Conseil (équivalent du Premier ministre), formant un gouvernement républicain radical. Cependant, son mandat est marqué par des difficultés considérables. Peu après son arrivée, il doit faire face au drame de la catastrophe d’Issy-les-Moulineaux, survenue lors d’une démonstration aérienne, où il est lui-même grièvement blessé en compagnie de plusieurs membres de son gouvernement. Cette tragédie marque durablement son gouvernement et précipite sa chute : le ministère Monis ne dure que quelques mois, du 2 mars au 27 juin 1911. Son court passage à la tête du gouvernement illustre toutefois sa fidélité aux idéaux républicains et sa volonté de moderniser le pays, notamment dans le domaine des finances et de l’administration.
Après cette épreuve, Ernest Monis reprend son siège au Sénat, où il poursuit un travail assidu, principalement dans des commissions importantes telles que celle de la législation, et intervient fréquemment dans les débats sur les grandes lois scolaires, la défense nationale, ou encore la politique coloniale. Attaché à la laïcité, il s’oppose fermement aux tentatives de retour de l’influence cléricale dans la vie publique. Monis demeure jusqu’au bout un défenseur du compromis républicain, convaincu que la stabilité des institutions est la condition du progrès social et du rayonnement de la France.
En dehors de la vie politique, Ernest Monis mène une existence discrète, appréciée pour sa simplicité et son honnêteté, loin des fastes de la capitale. Il reste fidèle à sa région natale et y revient régulièrement. Il meurt à Mondouzil (Haute-Garonne) le 25 mai 1929, à l’âge de 83 ans, laissant l’image d’un homme de devoir, peu enclin aux ambitions personnelles mais entièrement voué à la République. Peu célébré de son vivant, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des artisans de la consolidation républicaine sous la Troisième République, une figure de rigueur morale, de loyauté et de modération.
Ernest Monis incarne la génération des républicains de combat, formée dans la tourmente des débuts de la République et soucieuse de préserver l’héritage de la Révolution. Sa carrière, traversée par les grands débats de la laïcité, de la justice sociale et de la défense de la République, mérite d’être rappelée à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, tant son exemple demeure d’actualité dans un monde où les valeurs de tolérance et de dialogue sont plus que jamais nécessaires.