Louis XII naquit le 27 juin 1462 au château de Blois, au cœur du Val de Loire, dans une France encore marquée par les traces de la guerre de Cent Ans et par les soubresauts du pouvoir capétien. Il était le fils unique de Charles d'Orléans, poète raffinement lettré, et de Marie de Clèves, liant par sa naissance les lignées françaises et allemandes. L'enfance du jeune Louis fut marquée par une culture raffinée et une éducation soignée, mais également par une certaine marginalité politique. Membre de la maison de Valois-Orléans, il ne semblait pas promis aux plus hautes destinées.
Pourtant, les soubresauts dynastiques le projetèrent progressivement au premier plan. En 1476, il épousa Jeanne de France, fille de Louis XI, roi de France. Ce mariage arrangé ne fut jamais consommé, et le couple demeura sans enfant. Jeanne, pieuse et effacée, subit toute sa vie le rejet déclaré de son époux. Louis, de son côté, n'avait de cesse de rêver à la grandeur de sa maison, dont les ambitions furent contrariées par la puissance montante de la maison de Valois.
En 1488, lors de la révolte de la Bretagne, Louis se heurta frontalement à l'autorité de la Couronne. Fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, il fut emprisonné pendant trois années, à la demande de Charles VIII. Libéré en 1491, il assista à l'évolution du royaume depuis la périphérie, jusqu'à ce que le destin le propulse soudain au sommet.
La mort accidentelle de Charles VIII en 1498, sans héritier, ouvrit la voie à Louis d'Orléans, devenu Louis XII, roi de France. Il avait alors 35 ans. Dès son avènement, il fit annuler son mariage avec Jeanne de France sous prétexte de non-consommation, et épousa Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, pour maintenir l'union du duché à la couronne. Cette alliance scella l'intégration de la Bretagne à la France, bien que l'indépendance bretonne continuât d'être revendiquée par certains.
Le règne de Louis XII fut à la fois prudent et ambitieux. Soucieux de paix à l'intérieur, il tenta d'incarner le "roi juste". Il allégea la pression fiscale, renforça l'administration de la justice et limita les abus des officiers. Ce souci de bon gouvernement fut reconnu de ses contemporains, qui le surnommèrent le "Père du peuple". Mais Louis était aussi porté par une ambition dynastique, nourrie par les prétentions ancestrales des Valois-Orléans sur le duché de Milan.
En 1499, il lança une campagne militaire pour faire valoir ses droits sur le Milanais, au nom de sa grand-mère Valentine Visconti. L’Italie, alors morcelée en puissances rivales, devint le théâtre des appétits français, espagnols et allemands. Le règne de Louis XII fut marqué par l'enchevêtrement de ces guerres d'Italie, faites de victoires fugaces et de revers humiliants. S'il entra triomphalement dans Milan en 1499, il dut en 1512 abandonner la Lombardie aux Suisses et aux Espagnols. Cette alternance de conquêtes et de pertes alimenta un débat sur la légitimité de telles expéditions.
Louis XII tenta également de faire valoir des droits sur le royaume de Naples, mais il se heurta aux ambitions de Ferdinand d'Aragon. La fragile alliance franco-espagnole se défit rapidement, et Naples fut perdu au profit des Espagnols en 1504. Ces échecs italiens affaiblirent durablement l'influence française dans la péninsule, bien qu'ils aient enrichi la France de contacts artistiques et intellectuels durables. La Renaissance italienne se déploya alors dans les cercles de cour française.
Sur le plan intérieur, le règne de Louis XII fut celui d'une stabilité relative. La noblesse, bien que rétive aux réformes, fut contenue par une politique d'apaisement. Le roi fit appel à des juristes de formation bourgeoise, comme Claude de Seyssel, pour administrer le royaume et codifier les pratiques royales. L'Église bénéficia de sa bienveillance : en 1516, Louis XII obtint du pape Léon X la signature du concordat de Bologne, réglementant les nominations ecclésiastiques, bien que ce texte ne fut pleinement mis en œuvre que sous son successeur.
Anne de Bretagne, son épouse, donna naissance à plusieurs enfants, mais seul Claude, née en 1499, survécut. Faute de fils, Louis XII maria Claude à François d'Angoulême, cousin du roi, préparant ainsi la transition dynastique vers la maison de Valois-Angoulême. Anne mourut en 1514, plongeant Louis dans un veuvage que la politique se chargea vite de combler. Cette même année, il épousa en troisièmes noces Marie Tudor, sœur du roi d'Angleterre Henri VIII, dans l'espoir de cimenter une alliance franco-anglaise fragile. Ce mariage, de convenance, resta sans postérité.
Affaibli par les maladies et les fatigues d'un règne tumultueux, Louis XII mourut le 1er janvier 1515 à Paris, laissant la couronne à son gendre François Ier. Il avait régné dix-sept ans et laissé l'image d'un roi mesuré, populaire, soucieux du bien commun mais piégé par les illusions italiennes. Le peuple de France le pleura sincèrement, car peu de rois avant lui s'étaient attachés à limiter les abus fiscaux, protéger les faibles et dialoguer avec les états généraux.
Louis XII n'inaugura pas la modernité monarchique, mais il prépara une transition : entre Moyen Âge et Renaissance, il incarna un pouvoir soucieux de l’état et du royaume, plus que de la seule gloire dynastique. S'il ne conquit ni Naples ni Milan durablement, il fixa les bases d'une monarchie écoute attentive à ses sujets, dans un âge encore troublé par la féodalité. En cela, il ouvrit la voie à son successeur, qui allait incarner la grandeur française renaissante.