PAKISTAN

Militaire, putschiste, Président. Retour sur la vie de Pervez Musharraf, ancien Président qui vient de décéder à l'âge de 79 ans

Pervez Musharraf est né le 11 août 1943 à Delhi, en Inde. Il est décédé à l'âge de 79 ans à Dubaï le 5 février 2023 des suites d'une lognue maladie. 

Après l'indépendance et la partition de l'Inde britannique (Empires des Indes) en 1947, sa famille émigre alors vers le nouvel état pakistanais et s'installe à Karachi, dans la province du Sind. Il passe une partie de son enfance en Turquie où il apprend à parler couramment le turc, son père diplomate reste plusieurs années en poste à l'ambassade du Pakistan à Ankara. Par la suite, ce dernier intègre le ministère pakistanais des Affaires étrangères, progressant au fil de sa carrière jusqu'à la position de chef de section. Il a étudié à la Military Academy de Kakul et a rejoint l'armée pakistanaise en 1964. Il a servi dans plusieurs postes de commandement, notamment en tant que chef d'état-major des armées pakistanaises de 1998 à 2007.

Le conflit du Kargil précipite les événements : du 9 mai au 12 juillet 1999, des combats ont lieu entre des troupes islamistes pakistanaises infiltrées en territoire indien et soutenues par le pouvoir, et l'Inde. Ce conflit se solde par une défaite du Pakistan, désavoué de surcroît par ses alliés traditionnels, comme les États-Unis.

Cette défaite débouche sur un coup d'État militaire au Pakistan le 12 octobre 1999. L'armée renverse le gouvernement civil de Nawaz Sharif, qui est remplacé par le général Pervez Musharraf. Ce dernier devient officiellement président de la république le 20 juin 2001. 

La présidence de Pervez Musharraf au Pakistan est marquée par une série de réalisations et de controverses.

Il a pris des mesures pour moderniser l'économie et la société pakistanaise. Il a lancé un plan de développement économique qui a permis de stimuler la croissance du pays et de renforcer la compétitivité de l'industrie. Il a également pris des initiatives pour améliorer l'éducation et la santé publique, ce qui a contribué à renforcer la stabilité et la prospérité du pays.

Cependant, la présidence de Musharraf a également été marquée par des restrictions apportées à la liberté de la presse et aux droits civils, ainsi que par une politique de sécurité controversée. Les militaires ont été impliqués dans plusieurs opérations controversées dans les zones tribales du nord-ouest du pays, et de nombreux militants politiques et défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés et emprisonnés sans procès.

C'est fin 2007 que Benazir Bhutto et Nawaz Sharif rentrent au Pakistan devenant ainsi des opposants affirmés du pouvoir. Benazir Bhutto est assassinée le 27 décembre 2007 et des émeutes suivent l'annonce de sa mort. Les partisans de Bhutto accusent Musharraf d'être responsable de sa mort. Musharraf réunit alors son gouvernement en situation d'urgence et annonce trois jours de deuil national. Le 18 février 2008, le parti soutenant Musharraf perd les élections législatives et le 25 mars un nouveau gouvernement, dirigé par Youssouf Raza Gilani, entre en fonction. 

Le 7 août 2008, les partis de coalition annoncent qu'ils sont parvenus à un accord de principe pour lancer une motion de destitution contre le président Musharraf. Le 18 août suivant, Pervez Musharraf annonce sa démission lors d'une allocution télévisée.

Le 15 avril 2010, alors que Musharraf vit à Londres, le rapport d'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto le 27 décembre 2007 remet en cause son gouvernement en l'accusant d'avoir négligé la sécurité de l'ancienne Première ministre. Le 20 mai 2010, il annonce sa volonté de revenir au Pakistan pour retourner sur la scène politique mais ne réussira pas à réunir assez de soutiens, il restera alors aux Emirats Arabes Unis quelques années.

Il rentre finalement au Pakistan le 24 mars 2013 pour conduire la campagne de son parti créé en 2010, la Ligue musulmane de tout le Pakistan, aux élections législatives du 11 mai 2013 alors qu'il est menacé de mort par les talibans. Sa candidature et celle de son partis sont invalidés par la Commission Electorale, il appelle ainsi au boycott du scrutin.

En janvier 2016, alors qu'il est placé en résidence surveillée dans l'attente de ses procès dans plusieurs affaires, il est relaxé pour le meurtre d'un chef rebelle tribal. Le 18 mars, il quitte le Pakistan pour Dubaï, officiellement pour des raisons de santé. Ne se présentant pas à certaines audiences, il est de nouveau menacé d'arrestation s'il rentre au Pakistan. La Commission électorale refuse sa candidature pour les élections législatives de 2018 puis Pervez Musharraf abandonne la présidence de son parti.

Jugé par contumace le 17 décembre 2019, il est condamné à mort pour haute trahison mais reste à Dubaï en raison de sa maladie. Le 13 janvier 2020, cette condamnation est annulée par la justice. Il finira finalement par mourrir à Dubaï le 5 février 2023 des suites de sa maladie. 

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