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11 novembre, un jour, une vie, un décès

11 novembre, un jour, une vie : Daniel Ortega

Daniel Ortega, né le 11 novembre 1945 à La Libertad, au Nicaragua, est une figure emblématique de la politique nicaraguayenne. Il célèbre aujourd'hui son 79ème anniversaire continuant d'exercer une influence considérable sur la scène politique du pays. Il est surtout connu pour son rôle en tant que leader du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) et en tant que président du Nicaragua, fonction qu'il occupe à plusieurs reprises, de 1985 à 1990, puis de nouveau depuis 2007.

Daniel Ortega grandit dans une famille d’opposants au régime de la dynastie Somoza, qui contrôlait le Nicaragua d’une main de fer depuis des décennies. En tant que jeune homme, Ortega s’engage dans des activités politiques clandestines, rejoignant les rangs du FSLN, un mouvement révolutionnaire marxiste-léniniste opposé à la dictature. Cette implication lui vaut plusieurs arrestations, notamment une longue période d’incarcération de 1967 à 1974, durant laquelle il est soumis à la torture par le régime en place. Libéré dans le cadre d'un échange de prisonniers, Ortega se rend ensuite à Cuba, où il reçoit un entraînement militaire avant de revenir au Nicaragua pour poursuivre la lutte révolutionnaire.

En 1979, le FSLN renverse le régime de Somoza, marquant ainsi le début d'une nouvelle ère pour le Nicaragua. Daniel Ortega émerge comme l'un des principaux dirigeants du nouveau gouvernement révolutionnaire. En 1984, il est élu président du pays lors des premières élections organisées par le FSLN. Son premier mandat, de 1985 à 1990, est marqué par la guerre civile entre les sandinistes et les "contras", un groupe armé soutenu par les États-Unis, qui considéraient le régime sandiniste comme une menace communiste dans leur sphère d'influence. Cette période est également marquée par des tensions économiques, des épisodes d’hyperinflation et des violations des droits de l'homme qui ont terni l'image du gouvernement.

En 1990, Ortega perd l'élection présidentielle face à Violeta Chamorro, candidate soutenue par une coalition de partis d'opposition. Cette défaite marque le début d'une période difficile pour Ortega et le FSLN, qui doivent opérer dans l'opposition après plus d'une décennie au pouvoir. Cependant, Ortega demeure une figure centrale de la politique nicaraguayenne, retravaillant son image publique et celle de son parti. Il mène une transformation du FSLN, passant d'un discours marxiste-léniniste à une approche plus pragmatique, présentant le parti comme défenseur des pauvres et des classes populaires.

Après plusieurs tentatives infructueuses, Daniel Ortega retrouve le pouvoir en 2007, à la suite d'une élection présidentielle remportée avec une pluralité des voix. Son retour à la présidence marque un changement de cap, avec une politique mélangeant populisme, progrès sociaux et alliance avec l'Église catholique sur des questions conservatrices, notamment en ce qui concerne l’avortement. Ortega bénéficie également d’une aide économique considérable de la part du Venezuela de Hugo Chávez, ce qui lui permet de financer des programmes sociaux visant à réduire la pauvreté et à améliorer les infrastructures du pays.

Ortega a su consolider son pouvoir au fil des années, modifiant la constitution pour permettre sa réélection successive et renforçant son contrôle sur les institutions du pays, notamment le système judiciaire et électoral. Ces mesures ont provoqué de vives critiques tant au niveau national qu’international, beaucoup l’accusant de dérive autoritaire. En 2018, des protestations massives éclatent contre son gouvernement, initialement en réaction à une réforme de la sécurité sociale. La répression violente de ces manifestations, qui fait des centaines de morts et des milliers de blessés, attire la condamnation de la communauté internationale et ternit encore davantage l'image d'Ortega.

Malgré les critiques croissantes et une pression internationale importante, Daniel Ortega a continué à se maintenir au pouvoir, étant réélu en 2021 lors d'un scrutin largement contesté pour son manque de transparence et l'absence de réels candidats d'opposition, beaucoup ayant été emprisonnés ou contraints à l'exil. Ortega se présente comme le protecteur de la souveraineté du Nicaragua face à ce qu'il appelle les "ingérences impérialistes" des États-Unis et de l'Europe, tout en maintenant une emprise de fer sur le pays.

Au niveau personnel, Daniel Ortega est marié à Rosario Murillo, qui joue un rôle central au sein du gouvernement en tant que vice-présidente depuis 2017 et porte-parole principale. Ensemble, ils forment un tandem politique inséparable, symbolisant le pouvoir familial qui caractérise le régime actuel au Nicaragua. Rosario Murillo est souvent perçue comme co-dirigeante, partageant les responsabilités et les décisions majeures du pays aux côtés d'Ortega.

Il est toujours au sommet du pouvoir nicaraguayen, malgré un climat politique tendu et une économie fragilisée par les sanctions internationales et la pandémie de COVID-19. Son parcours politique est celui d’un combattant, passé du rôle de révolutionnaire à celui de dirigeant controversé, critiqué pour ses pratiques autoritaires mais également admiré par certains pour sa résilience et sa capacité à s'adapter aux changements politiques et économiques du pays. Ortega demeure une figure complexe, tantôt héros révolutionnaire, tantôt symbole d'une dictature moderne.

 

11 novembre, un jour, un décès : Frederik Willem de Klerk

Frederik Willem de Klerk, né le 18 mars 1936 à Johannesburg, en Afrique du Sud, est décédé le 11 novembre 2021 à l'âge de 85 ans. De Klerk a été l'une des figures les plus emblématiques de la politique sud-africaine, surtout connu pour son rôle déterminant dans la fin de l'apartheid et la transition vers une démocratie multiraciale. Il a été président de l'Afrique du Sud de 1989 à 1994 et a partagé le prix Nobel de la paix en 1993 avec Nelson Mandela pour leur travail commun visant à instaurer une paix durable dans un pays longtemps divisé par des lois raciales ségrégatives.

Frederik de Klerk grandit dans une famille afrikaner influente, liée au Parti national, qui avait instauré l'apartheid en 1948. Son père, Jan de Klerk, était un membre important du gouvernement et a exercé une forte influence sur son fils. Après avoir obtenu un diplôme en droit à l'Université de Potchefstroom, de Klerk commence sa carrière en tant qu'avocat avant de se tourner vers la politique. Il est élu au Parlement en 1972 comme membre du Parti national, débutant une carrière politique qui allait le mener jusqu'au sommet de l'État sud-africain.

Dans les années 1970 et 1980, de Klerk occupe plusieurs postes ministériels dans les gouvernements de John Vorster et Pieter Botha, y compris celui de ministre de l'Éducation et des Affaires intérieures. Pendant cette période, il est perçu comme un conservateur fermement attaché aux valeurs de l'apartheid, soutenant les politiques de ségrégation raciale et d'exclusion des Noirs sud-africains du système politique. Cependant, lorsque de Klerk devient président de l'Afrique du Sud en 1989, la situation politique et sociale du pays est en crise : des sanctions économiques internationales, une pression croissante de la communauté mondiale et une instabilité interne exacerbée par les soulèvements noirs exigeaient des changements radicaux.

Dès son accession à la présidence, de Klerk entreprend des réformes spectaculaires qui marquent un changement radical par rapport à ses prédécesseurs. Le 2 février 1990, il prononce un discours historique devant le Parlement sud-africain, annonçant la levée de l'interdiction du Congrès national africain (ANC), la libération prochaine de Nelson Mandela après 27 ans d'emprisonnement, ainsi que l'abandon de nombreuses lois discriminatoires. Ces mesures représentaient un premier pas vers la fin de l'apartheid, et elles ont été saluées tant au niveau national qu'international. En même temps, elles ont suscité de vives critiques au sein de son propre parti et des segments les plus conservateurs de la société afrikaner, qui voyaient en lui un traître aux valeurs de l'apartheid.

Les années suivantes sont marquées par des négociations complexes et difficiles entre le gouvernement de Klerk, l'ANC et d'autres partis politiques pour mettre fin au régime d'apartheid et préparer des élections libres et équitables. Ces discussions ont souvent été perturbées par des épisodes de violence politique, des tensions entre différentes factions et des divergences de vues sur la nature de la nouvelle Afrique du Sud. Cependant, de Klerk et Nelson Mandela ont su maintenir le dialogue et trouver des compromis, conduisant à l'élection historique de 1994, la première à laquelle la majorité noire du pays pouvait participer. Ces élections ont abouti à l'élection de Nelson Mandela comme président, et de Klerk a accepté de servir en tant que vice-président dans le nouveau gouvernement d'union nationale.

Le partenariat entre Mandela et de Klerk, bien qu'efficace, était souvent tendu. Les deux hommes avaient des visions différentes pour l'avenir de l'Afrique du Sud, et leur collaboration était marquée par des désaccords sur la manière de traiter les problèmes hérités de l'apartheid, notamment les questions de réconciliation et de justice. Néanmoins, leur travail commun a permis à l'Afrique du Sud de traverser une transition pacifique vers la démocratie, évitant ainsi une guerre civile que beaucoup craignaient. En 1993, de Klerk et Mandela ont été récompensés par le prix Nobel de la paix pour leurs efforts visant à démanteler l'apartheid et construire une société inclusive.

En 1996, de Klerk démissionne de son poste de vice-président et se retire de la politique active. Il reste cependant une figure publique influente, souvent consultée sur les questions relatives à la politique sud-africaine et à l'héritage de l'apartheid. Il fonde la Fondation F.W. de Klerk, dont le but est de promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'homme. Il était aussi un ardent défenseur du fédéralisme et d'une plus grande autonomie régionale en Afrique du Sud, estimant que ces principes pourraient aider à maintenir la stabilité dans un pays marqué par la diversité ethnique et culturelle.

Frederik de Klerk est une figure controversée dans l'histoire sud-africaine. Pour beaucoup, il est le réformateur qui a eu le courage de mettre fin à l'apartheid et de conduire le pays vers la démocratie. Pour d'autres, il demeure le représentant d'un régime oppressif qui a laissé des cicatrices profondes dans la société sud-africaine. Jusqu'à la fin de sa vie, de Klerk a fait face à des critiques concernant son rôle dans l'appareil de l'apartheid et son incapacité à reconnaître pleinement les souffrances causées par ce système. Néanmoins, sa contribution à la transformation pacifique de l'Afrique du Sud lui a assuré une place importante dans l'histoire du pays.

Frederik Willem de Klerk est décédé le 11 novembre 2021 à l'âge de 85 ans, laissant derrière lui un héritage complexe mais indéniable. Son parcours politique, allant d'un partisan de l'apartheid à celui d'artisan de la paix, reflète les contradictions et les évolutions de l'Afrique du Sud elle-même, un pays qui a été capable de se transformer face aux défis les plus pressants.

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