14 novembre, un jour, une vie : Dominique de Villepin
Dominique de Villepin est né le 14 novembre 1953 à Rabat, au Maroc, alors sous protectorat français. Il célèbre aujourd'hui son 71ème anniversaire. Homme politique, diplomate et écrivain français, il est surtout connu pour avoir été Premier ministre de France de 2005 à 2007 et pour son discours mémorable aux Nations Unies en 2003, lorsqu'il s'opposa fermement à l'intervention militaire en Irak. Son parcours est marqué par un engagement sans faille envers la diplomatie et par une carrière politique au sommet de l'État, souvent caractérisée par un sens aigu de l'éloquence et une vision gaulliste de la France sur la scène internationale.
Issu d'une famille de diplomates et d'administrateurs coloniaux, Dominique de Villepin passe une grande partie de sa jeunesse à l'étranger, notamment en Amérique latine et aux États-Unis. Ces années de formation à l'étranger lui donnent une perspective globale qui marquera profondément sa carrière diplomatique. Il poursuit ses études à Paris, notamment à Sciences Po et à l'École nationale d'administration (ENA), la célèbre école qui forme l'élite des hauts fonctionnaires français. Après sa sortie de l'ENA en 1980, Villepin intègre le ministère des Affaires étrangères, entamant une carrière au sein de la diplomatie française.
Dans les années 1990, Dominique de Villepin se rapproche de Jacques Chirac, alors président du Rassemblement pour la République (RPR) et futur président de la République française. Villepin devient rapidement l'un des conseillers les plus proches de Chirac, jouant un rôle clé dans sa campagne présidentielle victorieuse de 1995. Après l'élection de Jacques Chirac, il est nommé secrétaire général de l'Élysée, un poste stratégique qu'il occupe de 1995 à 2002. Pendant cette période, Villepin est considéré comme l'une des figures les plus influentes du gouvernement, participant activement aux grandes décisions politiques et stratégiques de la présidence.
En 2002, après la réélection de Jacques Chirac, Dominique de Villepin est nommé ministre des Affaires étrangères, un poste où il fait preuve d'une grande maîtrise des dossiers internationaux et d'un talent oratoire reconnu. C'est en cette qualité qu'il se distingue sur la scène internationale le 14 février 2003, lorsqu'il prononce un discours devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, rejetant l'idée d'une intervention militaire en Irak sans l'aval de la communauté internationale. Ce discours, salué dans le monde entier pour sa force et sa clarté, fait de Villepin un symbole de la résistance à la guerre en Irak et renforce l'image de la France comme une nation indépendante sur la scène mondiale, fidèle à ses principes de diplomatie multilatérale.
Après son passage au Quai d'Orsay, Villepin est nommé ministre de l'Intérieur en 2004, où il s'attaque aux problèmes de sécurité intérieure et à la réforme de la police. En 2005, à la suite du rejet du projet de Constitution européenne par référendum et de la démission de Jean-Pierre Raffarin, Jacques Chirac le nomme Premier ministre. Le mandat de Dominique de Villepin à Matignon est marqué par un contexte économique difficile et des mouvements sociaux importants. Il tente de mettre en œuvre un programme de réformes économiques et sociales visant à relancer la croissance et à lutter contre le chômage, notamment par l'instauration du Contrat première embauche (CPE), destiné à faciliter l'accès à l'emploi des jeunes. Cette mesure suscite cependant une forte opposition, entraînant des manifestations massives et contraignant Villepin à retirer le projet.
Son passage à Matignon est également marqué par la gestion de crises internationales, notamment les tensions autour du programme nucléaire iranien et la coopération avec les États-Unis sur les questions de lutte contre le terrorisme, malgré leurs divergences sur l'Irak. Villepin continue de défendre une politique étrangère indépendante, inspirée par la tradition gaulliste, cherchant à maintenir la voix de la France comme un contrepoids aux grandes puissances sur la scène internationale.
Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République en 2007, Dominique de Villepin quitte la vie gouvernementale mais reste actif dans le débat public. Il est impliqué dans une rivalité intense avec Sarkozy, marquée par l'affaire Clearstream, une affaire judiciaire complexe qui voit Villepin accusé, puis finalement acquitté, d'avoir tenté de discréditer son rival politique. Cette affaire a durablement affecté sa carrière politique, mais Villepin est resté une figure respectée et écoutée, notamment pour ses prises de position sur les questions de politique internationale.
En parallèle de sa carrière politique, Dominique de Villepin s'est fait connaître comme écrivain, publiant plusieurs essais, poèmes et livres d'histoire. Passionné par Napoléon Bonaparte, il lui consacre un ouvrage remarqué intitulé "Les Cent-Jours ou l'esprit de sacrifice", dans lequel il analyse la chute de l'Empereur à travers le prisme du destin et du courage. Ses œuvres littéraires, souvent inspirées par l'histoire de France et la poésie, révèlent un homme attaché aux valeurs de grandeur et d'honneur, profondément marqué par la culture française et son rôle dans le monde.
En 2024, à l'âge de 71 ans, Dominique de Villepin demeure une figure majeure de la politique française, même s'il s'est éloigné des responsabilités gouvernementales directes. Il intervient régulièrement dans les médias et lors de conférences internationales, partageant son analyse des grandes questions géopolitiques contemporaines. Partisan d'une Europe unie et forte, il milite pour une politique étrangère indépendante et pour une diplomatie fondée sur le dialogue et la coopération. Sa carrière, marquée par des hauts et des bas, reste emblématique d'une certaine vision de la France, attachée à son indépendance, à son rôle de médiateur sur la scène internationale, et à une conception noble de la politique.
14 novembre, un jour, un décès : Miguel I
Miguel I, roi du Portugal, est né le 26 octobre 1802 à Lisbonne, au sein de la Maison de Bragance, une des plus illustres dynasties européennes. Il est décédé le 14 novembre 1866, à l'âge de 64 ans, à Bronnbach, en Allemagne. Connu comme le "roi absolutiste" du Portugal, son règne, court mais tumultueux, de 1828 à 1834, a été marqué par une lutte féroce entre monarchie absolue et aspirations libérales, ainsi que par une guerre civile qui a profondément divisé le pays.
Miguel était le troisième fils du roi Jean VI du Portugal et de la reine Carlota Joaquina d'Espagne. Sa jeunesse a été marquée par une atmosphère de grande instabilité politique, à la fois au Portugal et en Europe. Les guerres napoléoniennes, la révolution libérale de 1820 au Portugal et les tensions internes à la cour ont profondément influencé sa vision du monde. En tant que jeune homme, Miguel a rapidement adopté une position en faveur de l'absolutisme, en opposition à son frère aîné, Pierre IV, qui était plus favorable aux idées libérales.
Lorsque le roi Jean VI est décédé en 1826, son fils aîné, Pierre, qui était déjà empereur du Brésil, a hérité du trône portugais. Cependant, en raison de la distance et de son engagement en tant qu'empereur, Pierre a décidé d'abdiquer en faveur de sa fille, Maria II, tout en créant une charte constitutionnelle afin de concilier monarchie et libéralisme. Il espérait ainsi maintenir une paix relative entre les factions politiques qui déchiraient le pays. Miguel, cependant, voyait cette charte et la montée du libéralisme comme une menace directe à son autorité et aux traditions de la monarchie portugaise.
En 1828, Miguel est appelé à rentrer au Portugal par les régents conservateurs, qui craignaient que la jeune Maria II ne soit pas capable de gouverner. À son retour, Miguel s'auto-proclame roi du Portugal, annulant la charte constitutionnelle de son frère et établissant un régime absolutiste. Ce coup de force déclenche une guerre civile, connue sous le nom de "Guerre des Deux Frères" (Guerra dos Dois Irmãos), opposant les miguelistes, partisans de l'absolutisme, aux libéraux, soutenant la jeune reine Maria II et le système constitutionnel mis en place par Pierre IV.
Le règne de Miguel, bien que court, est caractérisé par une tentative vigoureuse de rétablir la monarchie absolue et d'effacer les réformes libérales. Il bénéficiait du soutien de l'Église catholique, de la noblesse conservatrice, et d'une partie importante de la population rurale, attachée aux traditions. Cependant, ses méthodes autoritaires et son opposition aux réformes libérales lui aliènent progressivement une partie de la société, notamment les élites urbaines et les bourgeois. La guerre civile qui éclate est brutale, et le pays est plongé dans une période de grande instabilité.
En 1834, après six années de guerre civile, les forces libérales soutenues par des puissances étrangères, dont le Royaume-Uni et la France, réussissent à vaincre les miguelistes. Miguel est contraint d'abdiquer et est exilé du Portugal, avec l'interdiction formelle de revenir. C'est une période de grande déception pour Miguel, qui voit son rêve d'un Portugal absolutiste s'effondrer. Après son exil, il se réfugie en Italie, puis en Allemagne, où il passe le reste de sa vie, notamment à Bronnbach, dans le sud de l'Allemagne.
L'exil de Miguel ne signifie pas la fin de son influence politique. Bien qu'éloigné du Portugal, il reste une figure emblématique pour les partisans de la monarchie traditionnelle, et le mouvement migueliste continue à exister même après sa défaite. En exil, Miguel épouse la princesse Adélaïde de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, avec laquelle il a plusieurs enfants. Ce mariage renforce ses liens avec l'aristocratie européenne et prépare la prochaine génération de la famille Bragance à poursuivre ses prétentions au trône portugais.
Miguel passe le reste de sa vie à Bronnbach, où il mène une existence relativement discrète, loin de la scène politique qui l'avait autrefois consumé. Il consacre ses dernières années à ses enfants et à la préservation de l'héritage de la famille Bragance. Sa descendance jouera un rôle important dans la poursuite des revendications miguelistes sur le trône du Portugal, bien que ces prétentions resteront sans issue face à la consolidation de la monarchie constitutionnelle sous Maria II et ses successeurs.
Miguel I reste une figure controversée dans l'histoire portugaise. Pour certains, il représente la défense des valeurs traditionnelles et la résistance face à une modernisation imposée par les élites libérales. Pour d'autres, il est le symbole du despotisme et de l'opposition aux aspirations de liberté et de progrès. Son règne et la guerre civile qui l'a marqué ont laissé des traces profondes dans la société portugaise, les divisions politiques qu'il a exacerbées restant perceptibles pendant des décennies après sa mort.
Miguel I meurt le 14 novembre 1866, à l'âge de 64 ans, laissant derrière lui un héritage complexe. Sa vie incarne les conflits qui ont marqué l'Europe du XIXe siècle : la lutte entre absolutisme et libéralisme, entre tradition et modernité. Bien qu'il ait échoué à restaurer l'absolutisme au Portugal, son influence se fait encore sentir à travers l'histoire de la monarchie portugaise et les mouvements politiques qui ont continué à défendre sa vision d'une monarchie forte et centralisée. Sa famille, bien que marginalisée politiquement, restera fidèle à ses idéaux, et ses descendants joueront un rôle actif dans la vie aristocratique européenne.