Tony Rundle est décédé le 6 avril 2025 à l'âge de 86 ans.
Anthony Maxwell Rundle, plus connu sous le nom de Tony Rundle, est né le 5 mars 1939 à Launceston, en Tasmanie, dans une famille implantée depuis plusieurs générations dans cette région. Il a grandi dans un environnement rural, au contact d'une nature sauvage et encore peu touchée par l'urbanisation, ce qui a fortement influencé sa vision du monde et son attachement à la Tasmanie.
Son père était commerçant et sa mère enseignante, et tous deux lui ont transmis le goût de l'effort, du dialogue et de la responsabilité civique. Il effectue sa scolarité au Scotch College de Launceston, un établissement où il se distingue autant par ses résultats académiques que par son sens de l'organisation dans les activités extra-scolaires.
Après ses études secondaires, Rundle intègre l'entreprise familiale, spécialisée dans la distribution de produits alimentaires, où il apprend les réalités concrètes du monde du travail et du commerce local. Cette expérience, marquée par une grande proximité avec les petits producteurs et les consommateurs, le sensibilise très tôt aux enjeux économiques et sociaux de sa région.
Il était marié à Judith Rundle, rencontrée lors d'un événement communautaire à Launceston. Ensemble, ils ont eu deux enfants, avec lesquels il entretenait une relation très proche. Homme de famille discret, il appréciait les activités simples comme les balades dans la campagne tasmanienne, la lecture d'essais politiques, et les rencontres entre amis dans des cadres informels. Il était reconnu pour sa modestie et sa capacité à rester accessible, même lorsqu'il occupait des fonctions publiques importantes.
Sa carrière politique débute en 1986 lorsqu'il est élu à la Chambre d'Assemblée de Tasmanie pour le Parti libéral. Il y représentera la circonscription de Bass pendant plus de dix ans. Dès ses débuts, Rundle s'engage sur des dossiers clés touchant aux infrastructures régionales, au développement économique et à la décentralisation des services publics. Il plaide pour une meilleure redistribution des ressources à destination des communautés rurales, et milite activement pour la modernisation des transports et des réseaux de communication en Tasmanie.
Il est nommé ministre de plusieurs portefeuilles durant les années 1990, notamment en tant que Ministre de l'Environnement et Ministre des Transports. À l'Environnement, il s'attelle à moderniser la gestion des ressources naturelles, et en particulier à réformer les politiques forestières de l'île, sujet hautement sensible en Tasmanie. Il propose un plan équilibré entre exploitation raisonnée et conservation, ce qui lui vaut le respect des écologistes comme des industriels. Lors d'une conférence de presse marquante, il déclare : « Protéger nos forêts, c’est préserver notre identité sans renoncer à notre avenir économique. » Cette phrase deviendra emblématique de son approche modérée et constructive.
Au ministère des Transports, il lance plusieurs projets de modernisation des infrastructures routières et ferroviaires, visant à désenclaver les régions rurales et stimuler l’économie locale. Il encourage aussi une meilleure interconnexion entre les centres urbains et les zones reculées. Il affirmait souvent : « Une route bien tracée n’unit pas seulement des villes, elle rapproche les gens et les opportunités. » Son action, empreinte de pragmatisme, a profondément marqué le territoire tasmanien.
Homme de terrain, connu pour sa proximité avec les habitants et sa manière posée de dialoguer, il gravit progressivement les échelons politiques jusqu'à devenir le chef du Parti libéral de Tasmanie en 1996, succédant à Ray Groom.
Il accède au poste de Premier ministre de Tasmanie en mars 1996, après la démission de Ray Groom. Lors de sa prise de fonction, Tony Rundle déclare devant la presse et les parlementaires : « Je prends cette responsabilité avec humilité et détermination. Mon devoir sera de rassembler au-delà des clivages pour servir l’intérêt de tous les Tasmaniens. »
Son mandat est rapidement marqué par la difficulté de gouverner avec un parlement minoritaire, dans un climat politique incertain. Il met en place une coopération politique inédite avec les Verts, fondée sur un accord de soutien sans participation gouvernementale. Ce partenariat politique, alors considéré comme audacieux voire risqué, permet à son gouvernement de rester en place tout en intégrant certaines préoccupations écologistes dans les débats parlementaires. Cette approche novatrice a contribué à faire de Rundle une figure de compromis, capable de dialogue et d’adaptation dans un contexte politique fragmenté.
Sous son mandat, Rundle a mené une politique de rationalisation des finances publiques et s'est engagé dans des réformes ambitieuses de la fonction publique, visant à améliorer son efficacité et à réduire les dépenses de l'État sans compromettre les services essentiels. Il a initié une revue complète des structures administratives et encouragé la mobilité interne des fonctionnaires, tout en promouvant une culture de service axée sur la performance et la transparence.
Il a également joué un rôle déterminant dans l'introduction d'une réforme électorale majeure en 1998 : la réduction du nombre de sièges au parlement et l'adoption d'un système de représentation proportionnelle amélioré pour l'Assemblée de Tasmanie. Cette mesure visait à garantir une représentation plus équitable des partis politiques, notamment des plus petits, dans un esprit de démocratie renouvelée. Rundle a défendu cette réforme avec conviction, malgré les critiques, affirmant que « la légitimité d’un gouvernement repose sur la confiance du peuple, pas sur une majorité fabriquée ».
Sur le plan social, il a tenté de renforcer les liens entre les communautés urbaines et rurales, notamment par le biais de programmes de développement régional et de soutien aux petites entreprises. Son gouvernement a également accordé une attention particulière à l’éducation, en finançant des initiatives de formation professionnelle et en modernisant certaines infrastructures scolaires.
Malgré ces avancées, ses décisions ont parfois suscité l’opposition, y compris au sein de son propre parti. Le climat politique tendu et la perte de soutien populaire ont conduit à sa défaite électorale lors des élections anticipées de 1998, mettant fin à sa carrière de Premier ministre. Néanmoins, son passage à la tête du gouvernement est resté comme un moment charnière de la modernisation politique de la Tasmanie.
Après son retrait de la vie politique, Tony Rundle est resté profondément engagé dans les affaires communautaires de Launceston, sa ville natale. Il a rejoint le conseil d'administration de plusieurs établissements scolaires et s'est particulièrement investi dans le développement de programmes éducatifs axés sur la citoyenneté et l'histoire locale. Il croyait fermement que "l'éducation est la première fondation d'une société libre et responsable", et militait pour un meilleur accès à l'enseignement pour les jeunes des milieux ruraux.
Il a également été actif au sein de comités dédiés à la mémoire civique et au patrimoine, soutenant la restauration de bâtiments historiques et la création d'archives locales accessibles au grand public. Sa présence régulière lors d'événements communautaires, qu'il s'agisse de forums citoyens, de cérémonies commémoratives ou d'activités scolaires, témoignait de son attachement indéfectible à la vie publique, même en dehors des sphères institutionnelles.
Jusqu'à ses derniers jours, il est resté une figure respectée pour son intégrité, son calme, son sens de l’écoute et son engagement sincère envers sa communauté.
La mort de Tony Rundle marque la disparition d’un homme politique prudent mais visionnaire, modeste mais déterminé. Sa contribution à la vie publique de la Tasmanie restera dans les mémoires comme celle d’un serviteur dévoué de l’intérêt général.