Aujourd'hui 21 janvier 2025 marque le 697ème anniversaire de la naissance de Charles V, dit "le Sage". Né le 21 janvier 1338 à Vincennes, il fut roi de France de 1364 à 1380 et joua un rôle fondamental dans la reconstruction du royaume au cours de la Guerre de Cent Ans. Sa vie, à la fois privée, professionnelle et politique, fut marquée par des défis colossaux et des réalisations remarquables.
Fils du roi Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg, Charles grandit dans une période troublée marquée par les conflits de la Guerre de Cent Ans opposant la France à l'Angleterre. En dépit de ces difficultés, ses parents veillèrent à lui offrir une éducation soignée et rigoureuse. Placé sous la tutelle de professeurs érudits, il excella dans l'étude des lettres classiques, de la philosophie et des mathématiques, montrant un vif intérêt pour les sciences naturelles. Charles s'intéressa également à l'histoire et aux stratégies militaires, des disciplines essentielles pour un futur souverain. Cet apprentissage minutieux permit à Charles de développer un esprit analytique exceptionnel et une curiosité insatiable, qui allaient se refléter tout au long de son règne. Sa passion pour les arts et son habileté à prendre des décisions sages et réfléchies lui valurent rapidement le surnom de "le Sage" parmi ses contemporains.
En 1350, Charles épousa Jeanne de Bourbon, une union stratégique mais aussi empreinte de respect et d'affection mutuels. Ensemble, ils eurent huit enfants, dont plusieurs moururent en bas âge, reflétant les réalités tragiques de l'époque. Jeanne était une femme pieuse et discrète, qui joua un rôle de soutien inestimable dans la vie de Charles, bien que sa santé mentale fragile ait souvent inquiété son entourage.
Malgré ces épreuves personnelles, le couple incarna une image de stabilité et de résilience, essentielle pour renforcer l'autorité de la monarchie dans un royaume marqué par les divisions. Leur résidence à la cour fut aussi le théâtre de nombreuses initiatives culturelles et politiques menées par Charles, toujours avec le soutien tacite de Jeanne. Cette complicité permit à Charles de se concentrer sur les affaires du royaume tout en maintenant une base familiale solide, un équilibre rare à cette époque troublée.
En 1356, lors de la bataille de Poitiers, son père, Jean II, fut capturé par les Anglais, plongeant la France dans une crise profonde. Charles, alors âgé de seulement 18 ans, fut contraint de prendre les rênes du pouvoir en tant que régent. Ce rôle précoce le confronta à des défis immenses : la stabilité politique du royaume était menacée par des factions internes, et Paris devint le théâtre d’une rébellion majeure sous la conduite d’Étienne Marcel, prévôt des marchands, qui réclamait des réformes en faveur de la bourgeoisie.
En parallèle, Charles dut négocier la libération de son père tout en préservant l’unité du royaume. Il réagit avec prudence et stratégie, s’appuyant sur des conseillers fidèles pour contenir les troubles et rétablir progressivement l’autorité royale. Ce contexte difficile forgea son caractère de leader réfléchi et résolu. Malgré ces débuts tumultueux, Charles parvint à restaurer une certaine stabilité et à poser les bases de son futur règne en consolidant son autorité et en gagnant la confiance des grands seigneurs et des élites.
Couronné roi le 19 mai 1364 à Reims, Charles V hérita d'un royaume affaibli par les défaites militaires et les crises économiques. Le jour de son couronnement fut marqué par une cérémonie fastueuse symbolisant la continuité et la légitimité de la monarchie française. Après une procession solennelle dans les rues de Reims, Charles fut accueilli par les grands seigneurs du royaume et le haut clergé dans la cathédrale, un lieu emblématique pour les rois de France. Là, il prêta serment de protéger l’Église et le royaume, avant d’être oigné avec le saint chrème, un rite conférant une dimension sacrée à son règne. La cérémonie se conclut par des acclamations de la foule, suivies de fêtes somptueuses qui scellèrent le début de son règne. Son règne fut marqué par une série de réformes administratives, fiscales et militaires. Ces réformes comprenaient la centralisation des pouvoirs dans les mains de l'administration royale, une mesure qui permit d'améliorer l'efficacité des collectes fiscales et de financer des projets d'envergure, comme l'entretien des forteresses stratégiques. Il rétablit l'autorité royale en réorganisant la fiscalité à travers des impôts directs et indirects, ce qui réduisit la dépendance du royaume envers les prêts des grandes familles nobles ou des banquiers.
Sur le plan militaire, Charles introduisit des réformes novatrices, notamment la création d'une armée permanente composée de soldats professionnels, financée grâce à une fiscalité stable. Cette armée permit une défense plus efficace des territoires français et une meilleure réponse aux incursions ennemies. Il confia la conduite des opérations à des capitaines talentueux et expérimentés, comme Bertrand du Guesclin, un stratège reconnu pour ses victoires décisives contre les Anglais, notamment lors des campagnes en Bretagne et en Normandie.
Par ailleurs, Charles mit fin aux Grandes Compagnies, des groupes de mercenaires qui pillaient le pays. Pour y parvenir, il utilisa une combinaison de négociations et d'opérations militaires ciblées, rendant ainsi les routes et campagnes plus sûres pour les marchands et les paysans. Ces initiatives contribuèrent à rétablir la sécurité et la prospérité dans de nombreuses régions du royaume.
Charles V fut un grand protecteur des arts et des lettres, incarnant une vision de la culture comme outil de puissance et de rayonnement pour la monarchie française. En 1368, il fonda la bibliothèque royale au Louvre, un projet ambitieux qui regroupa de nombreux manuscrits rares, souvent acquis à grands frais ou issus des butins de guerre. Cette institution, ancêtre de l'actuelle Bibliothèque nationale de France, devint un symbole du savoir et de l’érudition royale. Charles ne se contenta pas d’accumuler des livres : il encouragea activement la traduction d’ouvrages majeurs, tels que ceux d’Aristote, de Cicéron ou encore des traités médicaux et scientifiques arabo-musulmans, afin de rendre ces connaissances accessibles aux élites françaises.
Sa passion pour les sciences, notamment l'astronomie et la médecine, le poussa à financer des savants et des artistes, créant ainsi un environnement propice à l’innovation intellectuelle. Sous son impulsion, la cour devint un foyer culturel où les lettrés et les artistes trouvaient soutien et reconnaissance. Ce renouveau intellectuel marqua une rupture avec le passé, affirmant la centralité de la France dans le monde des arts et des lettres de son époque.
Les dernières années de son règne furent marquées par des problèmes de santé croissants, probablement liés à des affections chroniques telles que des troubles digestifs et des crises de goutte, qui limitaient sa capacité à gouverner activement. Malgré ces difficultés, Charles continua de superviser des affaires cruciales du royaume par le biais de ses conseillers de confiance.
Il mourut le 16 septembre 1380 à l'âge de 42 ans, au château de Beauté-sur-Marne, laissant un royaume en convalescence mais toujours fragilisé. Sa disparition ouvrit une période de grande incertitude, car son fils et successeur, Charles VI, était encore un enfant de 11 ans, trop jeune pour diriger sans régence.
Le règne de Charles V reste toutefois un exemple de gouvernance sage et efficace dans une époque tourmentée. Sa vision stratégique, son mécénat et ses réformes laissèrent un héritage durable qui inspira les dirigeants ultérieurs, malgré les troubles qui suivirent son décès.