Aujourd'hui 5 février 2025 marque le 118ème anniversaire de la naissance de Pierre Pflimlin, une figure emblématique de la politique française et européenne du XXème siècle. Cet homme d'État a laissé une empreinte indélébile à travers son engagement pour la modernisation de la France et la construction européenne.
Pierre Eugène Jean Pflimlin est né le 5 février 1907 à Roubaix, dans le département du Nord, dans une famille catholique alsacienne. Fils d’un industriel spécialisé dans le textile, il grandit dans une maison où les valeurs du travail, de la foi et de l’éducation tenaient une place prépondérante. Cette atmosphère familiale encouragea Pierre à cultiver son goût pour les études et le service public. Après avoir brillamment achevé ses études secondaires à Strasbourg, il décide de poursuivre des études supérieures en droit à l’université de Strasbourg, où il se distingue par son esprit analytique et sa détermination. Diplômé en droit en 1928, il s’inscrit au barreau et entame une carrière d’avocat marquée par son engagement auprès des petites entreprises et des associations locales. En 1931, il épouse Lucie Meyer, une femme partageant ses valeurs de discrétion et de dévouement, avec qui il bâtit une vie familiale harmonieuse. Ensemble, ils élèvent deux enfants dans un environnement où l’éthique et le respect de l’autre prévalent.
Avant de s’orienter vers la politique, Pierre Pflimlin exerce la profession d’avocat au barreau de Strasbourg, où il se fait remarquer par son éloquence, sa rigueur juridique et son dévouement envers les causes sociales. Il s’implique particulièrement dans la défense des agriculteurs, souvent confrontés à des difficultés économiques, et des petites entreprises locales, ce qui lui vaut une réputation de professionnel accessible et intègre. Ce travail de terrain lui permet de mieux comprendre les besoins concrets des populations rurales et de développer une approche pragmatique des problèmes sociaux.
Lors de l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Pflimlin rejoint activement la Résistance, mettant ses compétences juridiques et organisationnelles au service de la lutte contre l’occupant. Il participe à des réseaux clandestins d’information et de soutien aux résistants, prenant ainsi des risques considérables pour défendre les valeurs de liberté et de justice. Cette expérience renforce sa volonté de contribuer à la reconstruction de la France dans un esprit de solidarité nationale après la Libération.
En 1945, Pierre Pflimlin fait ses premiers pas en politique en devenant député du Bas-Rhin sous les couleurs du Mouvement Républicain Populaire (MRP). Ce parti, fondé sur les valeurs de la démocratie chrétienne, correspond parfaitement à ses convictions personnelles et religieuses, notamment son attachement au respect de la dignité humaine et à la justice sociale. Rapidement, il s'impose comme une figure montante grâce à son pragmatisme et à sa capacité à réconcilier des positions divergentes. Connu pour son approche modérée et consensuelle, il s'attelle à défendre les intérêts de l'Alsace, région marquée par une double identité culturelle, tout en œuvrant pour une vision nationale de l'intérêt public. Son engagement dans des réformes concrètes et son aptitude à communiquer avec des électeurs de tous horizons renforcent sa réputation d'homme politique pragmatique et visionnaire.
Entre 1947 et 1958, il occupe plusieurs postes ministériels, dont celui de ministre de l’Agriculture, où il se distingue par une politique audacieuse et innovante visant à moderniser le secteur agricole. Il encourage le mécanisme de regroupement des exploitations, favorise l’utilisation de nouvelles technologies agricoles, et met en place des programmes de soutien financier pour les petites exploitations. Convaincu que l’avenir de l’agriculture repose sur la formation, il lance des initiatives pour renforcer l’éducation et la professionnalisation des agriculteurs. Parallèlement, il s’engage à améliorer les conditions de vie des paysans, notamment par le développement des infrastructures rurales telles que les routes et l’électrification. Ces actions concrètes contribuent à accroître sa popularité, en particulier dans les zones rurales, où il est perçu comme un véritable défenseur des intérêts agricoles.
En mai 1958, dans un contexte de crise politique aiguë liée à la guerre d’Algérie et aux tensions croissantes dans les institutions de la Quatrième République, Pierre Pflimlin est nommé président du Conseil. Conscient de la gravité de la situation, il concentre ses efforts sur l’apaisement des tensions entre les partisans de l’Algérie française et ceux prônant une solution politique. "La France ne peut prospérer que dans la paix, et cette paix exige de la lucidité, du courage et une véritable volonté de dialogue", déclare-t-il lors de son discours d’investiture, illustrant son approche résolument pacifique. Il engage des discussions avec des leaders politiques et militaires afin de maintenir l’ordre tout en élaborant une stratégie visant à une autonomie progressive de l’Algérie. Cependant, son gouvernement est rapidement fragilisé par l’opposition des partisans du général de Gaulle et par le manque de soutien des institutions en crise. Bien que son mandat soit bref, il est marqué par une tentative courageuse de restaurer la stabilité et de poser les bases d’une solution pacifique au conflit algérien, préfigurant les accords éventuels qui mettront fin à la guerre.
Après la fondation de la Cinquième République, Pierre Pflimlin se consacre à un projet qui lui tient à cœur : l’intégration européenne. Élu président du Parlement européen en 1984, il consacre son mandat à promouvoir la coopération entre les pays européens et à poser les bases d’une union politique et économique solide. "L’Europe ne peut s’édifier que dans l’unité et la solidarité des peuples qui la composent", affirmait-il lors d’une séance plénière, soulignant son engagement pour une vision commune. Il insistait aussi sur l’importance de l’éducation et de la jeunesse dans la construction européenne en déclarant : "Investir dans la jeunesse européenne, c’est investir dans notre avenir collectif." Par ailleurs, il rappelait le rôle des institutions européennes en affirmant : "Les institutions ne sont pas des symboles abstraits, elles doivent être au service des citoyens pour construire une Europe plus juste et plus solidaire." Il insiste également sur la dimension sociale de l’intégration en déclarant : "Une Europe forte est une Europe qui prend soin de ses citoyens, qui combat les inégalités et qui assure la dignité de chacun." Son rôle dans la réconciliation franco-allemande, en particulier, est largement reconnu comme une contribution majeure à la paix en Europe.
Pierre Pflimlin s’éteint le 27 juin 2000, à l’âge de 93 ans, laissant derrière lui un héritage immense. Son nom est aujourd’hui associé à des valeurs de dialogue, de paix et de respect mutuel. Que ce soit dans les réformes agricoles, les institutions européennes ou les efforts pour moderniser la France, il demeure une figure inspirante pour les générations futures.