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ANNIVERSAIRE

René Coty, 143 ans, le dernier Président de la Quatrième République

Aujourd'hui, 20 mars 2025, marque le 143ème anniversaire de la naissance de René Coty, ancien Président de la République française. Né le 20 mars 1882 au Havre, René Coty fut une figure centrale de la Quatrième République, assumant la présidence de la République française du 16 janvier 1954 au 8 janvier 1959.

Issu d'une famille bourgeoise havraise, René Coty grandit dans un environnement marqué par l'attachement aux valeurs républicaines et l'ouverture au dialogue politique. Après des études secondaires brillantes, il poursuit des études de droit, affirmant très tôt son attrait pour les carrières juridiques et politiques. Il obtient son diplôme de droit et s'inscrit au barreau du Havre où il exercera comme avocat avec talent et rigueur.

En 1907, il épouse Germaine Corblet, avec laquelle il partage une vie paisible et complice, loin des tumultes et des excès de la vie publique. De cette union naissent deux filles, dont il protège scrupuleusement l'intimité, tenant à préserver leur vie privée de l'agitation médiatique. La simplicité et l'humilité qui caractérisent René Coty transparaissent dans son mode de vie quotidien, marqué par une sobriété exemplaire, privilégiant les moments passés en famille aux honneurs et cérémonies officielles.

Engagé politiquement dès sa jeunesse, René Coty adhère très tôt à l'Alliance démocratique, mouvement centriste et républicain modéré. Élu député de la Seine-Inférieure en 1923, il s'illustre au Parlement par sa défense constante des libertés individuelles et des institutions démocratiques, participant activement aux débats sur les questions économiques et sociales. En 1935, il accède au Sénat, où il renforce son influence, notamment à travers son travail rigoureux en commission sur des questions juridiques et constitutionnelles.

Durant la Seconde Guerre mondiale, René Coty affiche une opposition ferme et immédiate au régime de Vichy, rejetant sans ambiguïté toute forme de collaboration avec l'occupant nazi. Dès le début du conflit, il s'engage dans des actions de résistance au Havre, prenant des risques considérables pour organiser des réseaux clandestins destinés à transmettre des renseignements, protéger les persécutés et faciliter les opérations de sabotage contre les infrastructures ennemies. Son domicile devient un point stratégique de rencontre pour les résistants locaux et nationaux. Sa détermination et sa capacité à coordonner efficacement les actions clandestines dans des conditions particulièrement difficiles lui valent l'estime et l'admiration de ses pairs, renforçant ainsi sa réputation de courage et d'intégrité exceptionnelle dans une période sombre de l'histoire française.

Après la Libération, René Coty retrouve naturellement son siège de sénateur et s'impose rapidement comme une voix influente au sein du Parlement, où il se dédie pleinement à la reconstruction démocratique de la France. Il s'engage activement dans les travaux préparatoires à l'élaboration de la Constitution de la Quatrième République, mettant en avant l'importance de la séparation des pouvoirs, des libertés fondamentales et de la transparence démocratique. Nommé vice-président du Conseil de la République en 1946, Coty devient une figure centrale des débats parlementaires d'après-guerre, contribuant significativement à la restauration et au renforcement des institutions républicaines. Son engagement pour la paix sociale et la stabilité politique joue un rôle déterminant dans la reconstruction morale et institutionnelle d'une France profondément marquée par les blessures de l'Occupation et les déchirements internes.

Son élection à la présidence le 23 décembre 1953 intervient après une crise institutionnelle profonde provoquée par l'impossibilité pour le Parlement de désigner rapidement un successeur à Vincent Auriol, nécessitant treize tours de scrutin avant que Coty ne soit élu avec 477 voix sur 870 suffrages exprimés. Face à la paralysie politique, René Coty s'impose alors comme une personnalité modérée et consensuelle capable de rassembler les différentes sensibilités politiques. Lors de son élection, il déclare avec gravité : « Je ne serai pas un homme de parti, mais l'homme de la France tout entière. »

Son mandat présidentiel est marqué par les difficultés croissantes liées à la guerre d'Algérie, un conflit qui divise profondément la société française et met à rude épreuve la solidité des institutions de la Quatrième République. La crise atteint son apogée en mai 1958, lorsque l'insurrection militaire en Algérie conduit à une situation de quasi guerre civile en France métropolitaine. Face à l'impasse politique et à la menace d'un effondrement institutionnel total, René Coty choisit alors de faire appel au Général de Gaulle, affirmant : « Je fais appel au plus illustre des Français, au général de Gaulle », une déclaration devenue célèbre qui marquera l'histoire. Cette décision ouvre la voie à la formation d'un nouveau gouvernement dirigé par le général de Gaulle, aboutissant à la fin de la Quatrième République et à l'instauration de la Cinquième République.

Au moment de quitter l'Élysée, René Coty prononce des mots empreints d'humilité et de sens du devoir : « Je suis parti sans regret, mais non sans inquiétude pour la France. »

René Coty quitte officiellement ses fonctions présidentielles le 8 janvier 1959, après avoir assuré une transition harmonieuse vers la Cinquième République et soutenu activement l'installation du Général de Gaulle à la tête de l'État. Fidèle à ses convictions démocratiques et soucieux du destin national, il choisit volontairement de se retirer complètement de la vie politique afin de préserver l'unité et la stabilité du pays dans une période de profonde transformation institutionnelle. Il retourne dans sa ville natale du Havre, où il mène une vie retirée, consacrée essentiellement à sa famille et à la réflexion personnelle sur les événements historiques auxquels il avait contribué.

René Coty s'éteint paisiblement le 22 novembre 1962 à l'âge de 80 ans, entouré des siens, laissant derrière lui l'image d'un homme politique exemplaire, intègre et profondément attaché aux valeurs républicaines. Son héritage politique reste marqué par sa capacité à maintenir la dignité et l'unité nationale durant l'une des périodes les plus complexes et tourmentées de l'histoire contemporaine française.

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